30 mai 2022

Faire du vélo pour réduire son empreinte carbone

Le secteur des transports est en France le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre avec 31% des émissions. Afin de s’aligner avec des objectifs climatiques tenables, il est impératif de réduire drastiquement nos émissions.

Le GIEC indique « à l’échelle individuelle, remplacer la voiture par la marche et le vélo est la mesure qui a le plus grand potentiel pour réduire notre empreinte carbone. » Le vélo fait en effet « partie intégrante d’un développement résilient face au changement climatique« .

Qui mieux que ces experts pour détailler l’importance du vélo comme atout majeur pour amorcer la transition écologique. Découvrez la présentation non officielle du Vélo dans le 6ème rapport du GIEC partagée par Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe n°1.

Même l’AIE Agence Internationale de l’Énergie conseille de faire de courts trajets à vélo au lieu de conduire, dans son dernier rapport : Comment faire des économies, réduire la dépendance à l’égard de l’énergie russe, soutenir l’Ukraine et aider la planète ?

Vous pouvez utiliser ce comparateur de transport de l’ADEME pour comparer les émissions de gaz à effet de serre, exemple ci-dessous avec un trajet Morzine-Montriond

Comparateur d’émissions de gaz à effet de serre

Le vélo permet de façon évidente de réduire les émissions et de lutter contre le changement climatique. Mais de nombreux co-bénéfices peuvent y être associés : En premier lieu la qualité de l’air et la nuisance sonore.

L’atout santé du vélo n’est également plus à prouver : le vélo est un des meilleurs remèdes contre la sédentarité et permet d’entretenir une activité physique régulière avec des bénéfices pour la santé physique et mentale.

Autre avantage, économique, le vélo est un moyen de transport bon marché et accessible à tous. Les frais d’entretien sont bien inférieurs et face à la hausse des prix des carburants, le vélo devient une alternative incontournable.

Le vélo est également une filière créatrice d’emplois dans les territoires. Selon l’ADEME, l’industrie du vélo pourrait créer au moins 150 000 emplois en 10 ans, soit un chiffre équivalent à celui des emplois de l’industrie automobile en 2020.

Un report modal vers le vélo présente aussi des bénéfices non négligeables dans l’aménagement du territoire en réduisant le nombre de voitures et en limitant l’artificialisation des sols.

Brent Toderian via Bonpote
Vélo et Tourisme

Comme le montre le positionnement touristique sur le vélo de la région Auvergne Rhone-Alpes et le dossier de veille sur la « vélomania » le cyclotourisme ou tourisme à vélo est en pleine expansion. La plateforme France Vélo Tourisme confirme cette croissance avec l’augmentation des offres accueil vélo, des itinéraires cyclables.

Le dossier d’Auvergne Rhône-Alpes tourisme sur le positionnement du vélo le confirme « les vacances à vélo sont plus qu’un simple phénomène post-confinement. Elles s’inscrivent dans un changement plus durable des comportements touristiques. » A l’heure actuelle, en France, le tourisme à vélo génère plus de 5 milliards d’euros par an. Un chiffre qui a progressé de 46% en une décennie.  

Cette vision de tourisme durable, de proximité ou slow tourisme est un vrai atout pour des régions touristiques. Nos territoires ont tout intérêt à suivre cette belle dynamique touristique.

Usage du vélo en forte augmentation

Le vélo en général est un marché en pleine expansion, en France en 2021 on a d’ailleurs acheté plus de vélos que de voitures (observatoire du cycle). L’usage du vélo est en hausse, même en milieu rural avec une fréquentation qui progresse de 15 % par rapport à 2019 selon Vélo & Territoires.

Pour autant en France, selon l’ADEME, la part modale du vélo est très faible (2,7 % de l’ensemble des déplacements) ce qui positionne la France seulement 25e dans l’Union européenne où la part modale moyenne dépasse 7 %.

La moitié des déplacements de moins de 1 km sont effectués en voiture.  Pour les déplacements de plus de 5 km, la voiture occupe déjà plus de 72 % des déplacements. 

Obstacles au développement du vélo

De nombreux freins se posent et limitent l’usage du vélo : l’habitude et la facilité de la voiture, des infrastructures et des aménagements de territoires pensés uniquement pour développer l’usage de la voiture, le manque d’infrastructures cyclables, des habitudes culturelles… nos modes de vie sont aujourd’hui entièrement dédiés à la voiture.

Sans oublier le lobbying de l’industrie automobile qui souhaite préserver le statut quo. Olivier Schneider, président de la FUB explique notamment « le budget communication de l’industrie automobile en France c’est 4.7 milliards d’euro par an alors que la totalité du marché du vélo (de tous les vélos neufs), c’est à peine 3 milliards d’euro. L’industrie automobile dépense plus en publicité que la totalité de la valeur du marché du vélo ».

Tout le monde ne pourra pas faire du vélo, et il ne pourra pas être utilisé pour tous les trajets mais de nombreuses idées reçues peuvent être levées. Stein Van Oosteren, alias « Monsieur Vélo » (auteur de Pourquoi pas le vélo, envie d’une France cyclable) insiste « ce ne sont pas des raisons mais des excuses ».

Tout d’abord, les Français n’y sont pas opposés : Dans une étude de l’ADEME, 83% des français sont favorables à la mise en place de services et aménagements pour favoriser la circulation à vélo. 

Pour les trajets avec des charges, de la distance, du dénivelé… de nombreuses alternatives existent avec des vélos à assistance électrique, vélo cargos et autres triporteurs. De nombreux artisans se déplacent aujourd’hui à vélo, découvrez l’annuaire de l’association Les Boîtes à Vélo qui soutient l’entreprenariat à vélo en France.

Laissons-nous inspirer par nos voisins… Au Pays-Bas, les personnes de plus de 65 ans sont la tranche d’âge qui utilisent le plus le vélo. En Finlande, les écoliers prennent leur vélo même sur la neige en plein hiver par moins 10 degrés… Camille Robson a réussi son pari d’utiliser son vélo dans notre vallée tous les jours pendant une année complète! Alors nous n’avons plus d’excuses!

Selon une étude de la FUB Parlons Vélo, les 2 principaux freins à la pratique du vélo sont le sentiment d’insécurité à vélo et le manque d’aménagements cyclables. Il est donc urgent de développer des vraies politiques de mobilité et d’infrastructures cyclables, comme expliqué dans cet article très complet de Bon Pote sur Construire une France Cyclable, qui rappelle notamment une évolution récente en faveur du vélo. Comme en Ile et Vilaine où des grands projets routiers sont abandonnés afin de pouvoir investir dans un grand plan vélo. Le président du conseil départemental explique: « Notre priorité doit être celle de la lutte contre le réchauffement climatique ».

Dans les territoires ruraux et de montagne

Dans les territoires ruraux où les distances sont importantes, le vélo ne peut être le seul moyen de déplacement. Il n’est pas possible de transposer les mêmes solutions qu’en ville. Cependant de nombreux déplacements restent envisageables et il est important d’amorcer une réflexion et de s’organiser pour permettre de se déplacer davantage à vélo.

Les co-bénéfices comme la qualité de l’air, la réduction de la pollution sonore, ou limiter les embouteillages sont tout aussi importants dans nos vallées, d’autant plus en période de forte influence.

Mais le manque d’aménagement, de réseau cyclable, de structures n’incitent pas à une pratique au quotidien. Aux Pays-Bas toujours, même dans des villages de 1300 habitants, l’usage du vélo est quotidien.

En milieu rural, 40% des déplacements font moins de 5km, et de nombreux trajets courts sont effectués (comme aller chercher du pain). Il ne faut finalement pas raisonner en déplacements qui ne se font pas à vélo mais penser à tous ceux qui peuvent se faire à vélo.

Dans les stations de montagne, la mobilité est de loin le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre et revoir ses déplacements au quotidien est un levier majeur pour baisser nos émissions. Et il est important de souligner la pluralité des bénéfices, pour les habitants, pour l’environnement et pour les visiteurs et touristes.

Dans les Alpes Suisses en Valais, vous pouvez réserver une place pour votre vélo dans les transports régionaux avec resabike. Pro Vélo Valais donne quelques clés pour se déplacer à vélo dans une région de montagne.

Au cœur des Alpes, en Oisans, le vélo est devenu un véritable enjeu pour le développement économique du territoire, structuré dans le Cycling Lab Oisans: « La volonté de la Communauté de Communes est de faire du cycle un axe leader du développement du territoire par le maintien d’activités, le renforcement de la notoriété et la diversification des usages du vélo. »

Alors comment agir ? Tous à vélo ?

Grâce à la FUB Fédération des Usagers de la Bicyclette et avec l’association Mobilité Douce Chablais, Montagne Verte a organisé une soirée ciné-débat autour du documentaire Together We Cycle. Ce film qui explique comment les citoyens néerlandais se sont mobilisés et se sont emparés de ce sujet et ont réussi à développer en quelques décennies une véritable culture du vélo. Engagement citoyen inspirant pour faire aussi de nos territoires de vraies ‘terres de vélo’.

Salariés, commencez le « vélotaf » et essayez de convaincre votre employeur de s’engager dans une démarche pro-vélo. Vous pouvez également bénéficier d’un forfait mobilité durable et vous renseignez sur les aides à l’achat d’un vélo (vélo cargo, prime à la conversion..)

Entreprises, vous pouvez vous inscrire au programme Objectif Employeur Pro-Vélo qui peut vous accompagner dans le développement de l’usage du vélo dans le cadre des déplacements domicile-travail et professionnels.

Pour les communes ou communautés de communes, un schéma directeur cyclable peut être à l’origine d’une réflexion globale sur les déplacements, et peut être inscrits dans des documents réglementaires type PLU. Un budget doit ensuite être mobilisé pour mettre en œuvre ce schéma. Des campagnes qui motivent le changement, des encouragements pour du vélo quotidien doivent être associées. Sans oublier que des aménagements temporaires sont souvent possibles : balise d’alignement, séparateur modulaire…

Et de nombreux partenaires peuvent être mobilisés :

  • ADEME (appels à projets nationaux)
  • ADMA Académie des Mobilités Actives qui ‘vise à doter la France d’une réelle expertise en matière d’intégration des sujets vélos et piétons dans l’ensemble des politiques publiques et privées.’
  • ALVEOLE PLUS: programme de financement de stationnement vélo sécurisé
  • Cabinet conseil expert en mobilité comme BL Evolution
  • CEREMA (aide à la mise en œuvre de politiques et services de mobilités efficaces)
  • Département et région (financements de compteurs, évaluation d’ensemble)
  • État (Fonds mobilités actives et DSIL) et Europe (Interreg, FEDER…)
  • FRANCE MOBILITES : plateforme du ministère de la transition écologique pour améliorer les transports du quotidien dans tous les territoires
  • FUB Fédération des Usagers de la Bicyclette pour promouvoir le vélo au quotidien
  • GENERATION VELO : soutien le déploiement du Savoir Rouler à Vélo auprès des collectivités
  • VELO & TERRITOIRES: Réseau National pour développer l’usage du vélo dans tous les territoires, notamment des financements pour des politiques cyclables

Mais surtout, le changement climatique et la crise environnementale n’attendent pas, nous devons agir dès maintenant. Chaque action compte. Alors roulons et comme le démontre le schéma ci-dessous, plus y’a de vélo, plus y’a de vélo !

source bonpote

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