7 mars 2021

Qu’est-ce que l’économie circulaire

Explorer l’économie circulaire

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’expression « économie circulaire » dans des blogs comme le nôtre. Mais pour beaucoup d’entre nous, il n’est pas évident de savoir ce qu’est réellement une économie circulaire et ce à quoi elle peut ressembler. Rassurez-vous, ce terme est loin d’être un simple mot à la mode pour désigner le recyclage, et il pourrait bien contenir certaines des idées-clés nécessaires pour nous aider à créer un avenir plus équitable et plus résilient sur le plan environnemental.

A QUOI FAIT REFERENCE L’ECONOMIE CIRCULAIRE?

Globalement, une « économie circulaire » désigne un changement fondamental dans la manière dont nous utilisons les ressources de notre planète pour fabriquer des choses et générer de la valeur dans notre économie. Les activités économiques conventionnelles « génératrices de valeur » comprennent l’extraction des ressources de la terre, la fabrication de biens physiques et la fourniture de services.

Le point de départ d’une économie circulaire est l’acceptation du fait que l’existence de matériaux et les ressources sont limités sur notre planète et que leur extraction, leur utilisation et leur élimination ont un coût environnemental. La partie « circulaire » vient de la reconnaissance du fait que les activités de notre économie doivent refléter les flux et les processus cycliques du monde naturel. Ces flux naturels, du cycle du carbone au cycle de l’azote, sont des systèmes régénératifs en « boucle fermée » qui garantissent que les précieux éléments constitutifs de notre monde vivant sont recyclés encore et encore.

Ainsi, en s’efforçant de mettre en place un modèle de « boucle fermée », une économie circulaire exige que nous réduisions au minimum les déchets, la dégradation, la pollution et les coûts environnementaux (et économiques) importants liés à l’élimination des précieux matériaux finis. Il est essentiel de trouver des moyens technologiques, sociaux et politiques de transformer ce qui est aujourd’hui considéré comme un « flux de déchets » en intrants pour les futures activités de production. Ce faisant, nous tirons le meilleur parti possible des ressources qui existent déjà dans notre économie et veillons à ce que les ressources nouvellement obtenues suivent une trajectoire cyclique avec une utilisation maximale et un gaspillage minimal.

QUELLE ES LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET L’ÉCONOMIE ACTUELLE?

Prenez – Utilisez – Jetez !

Si vous réfléchissez au cycle de vie typique d’un produit, vous pouvez voir comment fonctionne l’économie d’aujourd’hui. Un téléphone neuf acheté pour Noël peut être utilisé pendant une poignée d’années (2,5 ans en moyenne) et peut même avoir plusieurs propriétaires s’il est chanceux (137 millions de téléphones étaient des téléphones d’occasion remis à neuf en 2020) ; pourtant, dans les 3 ans à venir, il est probable que ce téléphone sera jeté et remplacé par un modèle plus récent. Par conséquent, très peu de métaux précieux, de polymères et d’autres matériaux complexes utilisés dans la fabrication du téléphone peuvent être récupérés ou réutilisés.

De plus, l’économie mondiale actuelle est fortement dépendante des combustibles fossiles, anciens réservoirs d’énergie à base de carbone qui sont extraits et utilisés une seule fois, avec des conséquences qui ont un impact coûteux pour la composition de notre atmosphère. En observant ce système, on constate que les matériaux et les ressources passent de l’extraction → production → consommation → déchets. C’est le système linéaire de l’économie mondiale actuelle, il est choquant de constater qu’il y a un gaspillage et une façon fondamentalement non durable de concevoir notre société, tant du point de vue de l’environnement que de la création de valeur.

COMMENT POUVONS-NOUS PASSER D’UNE ÉCONOMIE LINÉAIRE À UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE? COMMENT POUVONS-NOUS “BOUCLER LA BOUCLE”

L’expression “boucler la boucle” ressemble un peu au récent mantra « aplatir la courbe », mais au-delà des défis immédiats que nous devons relever avec la pandémie, “boucler la boucle” devrait être notre priorité absolue si nous voulons préserver notre environnement et notre prospérité futurs. Le défi consistant à rendre les processus linéaires circulaires peut sembler intimidant, mais il existe de nombreuses étapes et points de focalisation qui sont déjà en plein essor en divers endroits du monde. Examinons quelques-unes de ces étapes…

La transition vers les énergies renouvelables : Pour la plupart d’entre vous, il n’est peut-être pas surprenant que la première grande composante soit la transition de nos systèmes énergétiques. De toute évidence, il est vital pour nous de nous éloigner de la dépendance aux combustibles fossiles, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain ou sans un effort déterminé de la part de tous ceux qui ont une voix, un vote et un portefeuille. Soutenons et encourageons le cheminement vers les énergies renouvelables que de nombreuses communautés et de nombreux pays, dont la France, ont entamé sous une forme ou une autre. Cela garantira que l’énergie que nous utilisons fasse partie d’un système de régénération construit pour durer.

Systèmes alimentaires régénérateurs : Comme beaucoup de nos lecteurs le savent, la majorité des pratiques agricoles de masse d’aujourd’hui ne sont ni durables ni adaptées aux défis de demain. Non seulement la monoculture à forte rotation entraîne une dégradation à long terme des sols qui rendra de vastes étendues de terres arables non viables pour la production alimentaire dans les décennies à venir, mais jusqu’à 30 % des aliments sont jetés au cours de leur trajet de la ferme à l’assiette. On estime que cette quantité colossale de déchets alimentaires représente ¼ de l’utilisation commerciale de l’eau et 8 % des émissions totales de gaz à effet de serre. De nombreux agro-économistes innovants trouvent des moyens de promouvoir des systèmes plus efficaces et plus respectueux de l’environnement. Pour n’en citer que quelques-uns, il s’agit notamment des pratiques agricoles bio-diversifiées, de la permaculture et de l’analyse de la chaîne d’approvisionnement par apprentissage automatique (intelligence artificielle) pour réduire au minimum le gaspillage de nourriture. Le documentaire de l’émission ci-dessous donne de bons exemples et est magnifiquement tourné.

Rapporter et renouveler, changer les idées de propriété : Alors que nous sommes déjà tellement habitués aux modèles d’abonnement pour les produits numériques, comme Netflix et Spotify, la plateforme d’abonnement permet un énorme potentiel circulaire dans l’utilisation des biens physiques. Tout comme nous comptons sur nos magasins de location pour aider les gens à accéder aux montagnes avec du matériel de qualité sans le coût ou le fardeau de la pleine propriété, nous pouvons étendre cette notion d’abonnement à toute une série de biens et de services. Il s’agit de produits auxquels beaucoup d’entre nous veulent avoir accès mais dont ils n’ont pas besoin d’être propriétaires. En développant les services par abonnement, nous pouvons limiter les ressources qui sont immobilisées (parce qu’elles restent inutilisées ou viennent encombrer les décharges), accroître l’accessibilité et diminuer les coûts. Utilisée correctement, la technologie actuelle garantit le bon fonctionnement des systèmes d’abonnement. Il suffit de consulter des entreprises comme Grover, une entreprise d’abonnement spécialisée dans l’électronique grand public.

Remise à neuf, réparation et réutilisation : L’un des moyens les plus proactifs de « boucler la boucle » est de remettre à neuf et de réparer plutôt que de jeter. Comme nous l’avons évoqué dans notre article, la réutilisation des produits qui ont été réparés et remis à neuf est le moyen le plus efficace d’obtenir une certaine circularité dans des secteurs clés, des vêtements à l’électronique. En outre, apprendre et prendre le temps de réparer des produits au niveau communautaire non seulement réduit notre demande en nouvelles ressources, mais peut nous permettre de devenir plus autonomes et indépendants en développant des compétences pratiques importantes. Deux bons exemples de lieux qui illustrent ces idées sont les boutiques “Montagne Verte” et One Tree à Morzine et Bozel. Non seulement ils vendent des vêtements d’occasion qui, autrement, finiraient à la décharge ou au fond des armoires, mais ils sont aussi un lieu de réparation et de réadaptation des vêtements. En employant des couturières pour recouvrir les logos des entreprises, des emplois sont créés pour la population locale et un nouveau produit est créé à partir de ce qui autrement deviendrait des déchets.

Repenser l’économie de production : De la mise à jour de nos approches en matière de conception de produits à l’exploration de modèles commerciaux qui normalisent l’utilisation circulaire des matières premières, il y a beaucoup à faire dans le secteur de la manufacture pour aider à boucler la boucle. De nombreuses entreprises font d’énormes progrès dans ce domaine, des entreprises textiles sans déchets aux usines de machinerie lourde circulaires. Fondamentalement, il est important que les entreprises qui produisent des biens considèrent que l’utilisation circulaire des matériaux, des composants et des technologies permet une énorme augmentation de la valeur ajoutée.

Repenser la finance : Pour certains, il est facile d’être méprisant à l’égard du système financier mondial, mais des pratiques financières solides avec des priorités environnementales sont essentielles pour créer une économie circulaire. Le besoin de financement vert devient chaque jour plus évident. Et un tel système devrait garantir que le pouvoir de création de crédit soit axé sur la viabilité financière des projets et technologies coûteux d’une économie circulaire.

Amélioration du recyclage: Alors que le recyclage est rapidement devenu la nouvelle norme, le système de recyclage actuel est en difficulté. Malheureusement, une grande partie de notre recyclage finit par être exportée sans avoir été correctement traitée. La plupart de ce que nous recyclons finit par polluer des pays en développement comme l’Indonésie et les Philippines. De plus en plus, des quantités stupéfiantes de ce « recyclage » sont renvoyées à l’expéditeur, et c’est particulièrement vrai pour les produits composites qui contiennent du plastique. Nous devons être plus ambitieux et exiger un système de recyclage très efficace qui tente de résoudre certains des problèmes-clés du recyclage aujourd’hui. Si le recyclage est essentiel à l’économie circulaire, il doit être considéré comme un filet de sécurité, la réduction et la réutilisation étant beaucoup plus durables que le recyclage, qui a toujours un coût environnemental.

Cette liste n’est qu’une première ébauche pour expliquer ce à quoi pourrait ressembler une économie circulaire. Afin d’aider à rendre certaines de ces idées plus faciles à comprendre, nous les examinerons de plus près dans les prochains billets de blog, en expliquant plus en détail les systèmes circulaires et en explorant des exemples – soyez patients.

Une chose est claire, le discours politique traditionnel suggère que nous pouvons avoir soit la prospérité soit un environnement préservé, et non les deux. Cependant, le modèle d’économie circulaire montre que la réalisation des deux est non seulement très possible, mais aussi une façon fondamentalement meilleure de gérer les affaires de ce monde qui protège l’avenir de chacun.

Author: Seb Zuninga

Traduction: Marie Verrey

Autres ressources utiles de Montagne Verte :