22 décembre 2021

L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU NUMÉRIQUE

GAZ A EFFET DE SERRE

Le numérique émet aujourd’hui 4 % des gaz à effet de serre du monde, et ce chiffre s’accroît de 9 % par an. Au rythme actuel, sa part aura plus que doublé en 2025.

Ce secteur permet de multiples évolutions et améliorations au quotidien, mais il est primordial de prendre en compte son impact environnemental. On parle de « dématérialisation », de « cloud », mais le numérique bien qu’il semble invisible et virtuel est avant tout matériel avec une véritable réalité physique.

QUELQUES CHIFFRES ET ORDRES DE GRANDEUR
  • Si internet était un pays, il serait le 3ème consommateur mondial d’électricité et il aurait une empreinte carbone 2 à 3 fois supérieure à la France
  • 32 kilos de matières sont nécessaires pour fabriquer une puce électronique de 2 grammes (sans parler des ressources en eau)
  • La fabrication d’un ordinateur nécessite 240kg de combustible fossile, 22kg de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau
  • La fabrication d’une télévision de 47 pouces émet 479 kg de gaz à effet de serre et elle nécessite 26 000 litres d’eau
  • En 2019, on compte 34 milliards d’équipements numériques pour 4,1 milliards d’utilisateurs dans le monde.
  • 15000 km, c’est la distance moyenne parcourue par une donnée numérique (mail, requête web, vidéo…)
  • Envoyer un mail ave une pj = laisser une ampoule allumée pendant 1h
  • Chaque minute passée sur Instagram consomme environ 175 Wh et émet environ 90 g de CO2.
La mine de Baotou, le plus grand site minier de terres rares de Chine, appelée la ville du cancer…
LA FABRICATION, L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL LE PLUS IMPORTANT

Pas moins de 70 matériaux différents, dont 50 métaux (notamment des métaux rares) sont nécessaires pour fabriquer un smartphone. L’extraction de la croûte terrestre et leur exploitation requiert des volumes de terre et d’eau gigantesques et conduit notamment à la destruction d’écosystèmes. 

Les industries minières et métallurgiques font partie des activités humaines les plus polluantes :  destruction de sites naturels, consommation d’énergie et d’eau, rejets de métaux lourds et nocifs, utilisation de produits chimiques nocifs, eaux polluées etc… La fabrication entraîne donc un épuisement des ressources, sans parler de l’exploitation humaine, travail des enfants, conditions de santé, conflits armés, (cf minerais de sang)… Les métaux lourds sont souvent rejetés directement dans la nature, s’infiltrent dans les nappes phréatiques, jusqu’aux cultures ce qui implique des graves problèmes de santé pour les populations locales.

La plupart des composants sont fabriqués en Chine (dont l’électricité provient majoritairement du charbon…) et leur transport (en avion le plus souvent) vient encore alourdir le bilan.

Ces ressources ne sont pas infinies et pour satisfaire la demande croissante, on creuse de plus en plus profond, ce qui nécessite toujours plus d’énergie. (Lire Le Smartphone un poison pour la planète)

Comme nous changeons nos téléphones en moyenne tous les 2 ans, les déchets électroniques augmentent de façon exponentielle et sont aussi parmi les plus compliqués à traiter. La majeure partie n’est pas triée et termine en incinération ou en décharge, pollue sols et rivières. Le taux de recyclage est extrêmement faible. (environ 15% des smartphones par exemple) et sont acheminés illégalement vers des décharges en Afrique ou Asie.

La pollution générée par nos déchets électrique et électronique est de plus en plus préoccupante. Par exemple, un des lieux les plus pollués au monde est une décharge d’objets électroniques au Ghana à Agbogbloshie, qui entasse 40 000 tonnes de matériaux provenant de nos pays développés.

Extracteur de métaux rares et installation de câbles sous-marins: la face cachée des machines derrière nos appareils
UTILISATION

Bien que la fabrication concentre le plus d’impact environnemental, notre usage n’est pas en reste. Notre utilisation n’est pas « dématérialisée » mais fonctionne uniquement grâce aux équipements (ordinateurs, câbles, box…) et avec des réseaux et infrastructures. 

Nous avons souvent le sentiment que toutes nos connexions se font de façon virtuelle, sans fil, sans raccord. Nos équipements ne sentent pas mauvais, ne crachent pas de grosse fumée noire, nous n’avons donc pas l’impression que leur utilisation a un coût environnemental, tout semble invisible. Pour autant, la réalité est bien différente, toutes nos connexions nécessitent une vraie infrastructure. 

Vous avez sûrement entendu parler des centres données, les fameux data centers : l’électricité de ces data centers est certes de plus en plus décarbonée, cependant leur fonctionnement est très gourmand en énergie : le stockage des données génère de la chaleur, ce qui entraîne des besoins en climatisation et donc une consommation importante en eau. 

On pense aussi immédiatement aux satellites dans l’espace, qui sont de plus en plus nombreux mais jouent un rôle assez infime dans la transmission des données internet.

L’essentiel du trafic internet passe par des câbles sous-marins. Aujourd’hui, plus d’1,2 million de kilomètres de câbles traversent le globe, soit 32 fois le tour de la Terre. Ces câbles sont enfouis dans le sol marin par des navires câbliers et des machines sous-marines, leur durée de vie théorique est de 25ans. Ils sont parfois remplacés avant cette durée lorsqu’ils sont considérés comme obsolètes technologiquement et que l’on veut doper leurs capacités.

Réseau des câbles sous-marins
15 ACTIONS POUR RÉDUIRE NOTRE IMPACT

La fabrication représentant 3/4 des impacts, agir sur ses équipements est la première étape importante.

  1. Réduisons le nombre de nos équipements, gardons un esprit critique et questionnons-nous lors de nos achats : ces équipements, objets connectés, ou gadgets sont-ils vraiment indispensables à mon quotidien ?
  2. Allonger la durée de vie de nos équipements est un geste des plus efficaces : essayons au maximum d’en prendre soin (coques et verres de protection), et si possible de les réparer (tutoriels ou save.co) Il est important aussi d’entretenir ses appareils (panne, antivirus, etc) grâce à des logiciels comme ccleaner
  3. Si vraiment votre appareil ne fonctionne plus et n’est pas réparable, il est impératif de ne pas le jeter à la poubelle mais de le recycler ou par exemple de l’envoyer sur cette plateforme pour les téléphones
  4. Pour un achat (nécessaire), privilégions le reconditionné ou l’occasion (même si cela ne doit pas être une excuse pour changer plus souvent!), orientons-nous vers des produits porteurs de labels environnementaux (EPEAT et TCO Certified, Der Blaue Angel) comme Fairphone
  5. La vidéo en ligne représente 80% des flux des données numériques et engendre 306 millions de tonnes de CO2 par an dans le monde : une des actions est d’essayer de diminuer sa consommation de vidéo en ligne,  d’utiliser une plus faible résolution lorsqu’on regarde une vidéo, et désactiver la lecture automatique des vidéos sur les réseaux (lire Climat: l’insoutenable usage de la vidéo)
  6. Réduisons la taille de nos écrans de TV : la consommation augmente avec le carré de la diagonale
  7. Un message whatsapp consomme 4g et un sms 0.014g, pourquoi ne pas revenir aux bons vieux sms! (lire empreinte carbone message)
  8. Gérons mieux notre boîte mail : supprimons les mails (et non les archiver) et allégeons nos envois (privilégions les plateformes de transfert comme filevert aux pièces jointes)
  9. Sur nos smartphones, désactivons les notifications non nécessaires et limitons l’ajout d’applications
  10. On éteint et débranche nos appareils informatiques lorsqu’on ne les utilise pas (ordi, imprimante, box: une box consomme autant qu’un réfrigérateur!)
  11. Préférons le Wi-Fi au réseau 4G qui est 20 fois plus impactant (lire gestes au quotidien)
  12. Limiter son utilisation de moteur de recherche : 1 requête sur Google est l’équivalent de laisser allumer 1 ampoule 12W pendant 2h… et choisir un moteur plus responsable comme ecosia
  13. Faisons du tri dans ce que l’on stocke sur le cloud (photos, vidéos…) : privilégier le stockage des données en local est plus éco-responsable
  14. On n’imprime pas ses mails est un adage connu et toujours avéré. (Même si le temps de lecture à l’écran sera plus impactant et que le papier restera le support plus adapté pour une lecture prolongée.)
  15. Et surtout… effectuer des tâches quotidiennes sans son smartphone : un réveil, un agenda.. et faire des activités sans objets connectés… On profite de la nature, (en gardant juste son téléphone au fond du sac à dos en cas d’urgence!)
CONCLUSION

Nous ne remettons pas en cause les impacts positifs du numérique, indispensable dans notre quotidien aujourd’hui. En tant qu’association, nous avons un site internet, sommes sur les réseaux sociaux, vous envoyons des newsletters et partageons des articles de blog comme celui-ci…

Cependant le numérique n’est ni renouvelable, ni durable, sa part dans les émissions de GES est telle qu’en continuant sur cette lancée, nous ne pourrons répondre à la baisse nécessaire de nos émissions pour rester en-dessous des +2°C.

Nous vous invitons donc à prendre conscience des enjeux, de cette matérialité du numérique qui est souvent sous-estimée, à questionner vos besoins, vos pratiques et réfléchir à une utilisation plus responsable. 

POUR ALLER PLUS LOIN

Pour une informatique éco-responsable – CNRS

Combien surfer sur le web coûte au climat: télécharger Carbonalyser

Impact environnemental du numérique

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Pour une sobriété numérique, le Shift Project

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