12 juillet 2022

Le futur de Montagne Verte

Au commencement 

Lorsque Montagne Verte a été créé il y a 3 ans et demi, le contexte était très différent. C’est bien sûr prévisible puisque le changement est la seule constante ; et nous espérons toujours que le monde évolue ! Cependant, nous réfléchissons au fait que notre objectif et notre raison d’être doivent également évoluer parallèlement à la situation locale et mondiale. 

Les différences les plus notables entre hier et aujourd’hui (en lien avec nos actions !) sont les suivantes : 

  • 2 116 juridictions dans 39 pays (dont la France) ont déclaré un état d’urgence climatique. 
  • Le climat fait enfin partie de l’agenda politique, tant de la part de nos mairies locales que du gouvernement national. 
  • Morzine-Avoriaz a obtenu le label Flocon Vert. 

Lors de sa création, Montagne Verte s’est surtout concentrée sur la réalisation d’un Pacte pour les entreprises et l’organisation d’événements de sensibilisation. Nous n’avions pas réalisé à quel point l’élan allait rapidement prendre de l’ampleur et au cours des 6 premiers mois, nous avons développé les objectifs suivants que nous avons présentés en septembre 2019. 

Nos objectifs en 2019 

  • Impliquer la communauté dans notre mission de devenir une destination touristique durable. 
  • Collecter des fonds pour employer un directeur du développement durable 
  • Inscrire la crise climatique à l’ordre du jour des politiques locales. 
  • Soutenir les entreprises pour qu’elles réduisent leur impact environnemental grâce à notre Pacte. 
  • Organiser des événements de sensibilisation et créer un réseau de personnes motivées. 

La réponse a été fantastique et la communauté a été d’un soutien incroyable (merci !). Grâce à la générosité des membres donateurs, des bénévoles engagés et de tous ceux qui ont participé à l’aventure, nous avons pu accomplir de nombreuses actions. 


Nos actions réalisées 

Nous avons : 

  • Employé un directeur du développement durable qui : 
    – a rencontré de nombreuses parties prenantes afin de recenser les enjeux sociaux et environnementaux locaux. 
    – a dressé une liste détaillée de 50 projets pertinents de difficulté variable dans les catégories « Zéro déchet – Zéro carbone – Total biorespect ». 
    – a effectué une analyse détaillée du projet EMA et produit un rapport largement diffusé et discuté. 
    – a présenté un projet train et projet biodéchets à la mairie et à la CCHC. 
  • 36 entreprises se sont engagées avec Le Pacte 
  • Création d’une série de ressources documentées comme les Pages Vertes. 
  • Organisation de 28 événements 
  • Ouverture d’un magasin de seconde main 
  • Collaboration avec de nombreuses associations partenaires
  • Embauche d’un secrétaire général 
  • Participation au comité de pilotage du label Flocon Vert de Morzine-Avoriaz. 
  • Création d’une communauté en ligne engagée avec plus de 1000 abonnés à notre newsletter et à nos réseaux sociaux. 
  • De nombreux articles de presse dans des médias locaux, nationaux et internationaux. (voir notre revue de presse
  • Et bien d’autres! 

Nos défis 

Nous nous sommes lancés dans ce projet en sachant que s’attaquer à un phénomène de l’ampleur du changement climatique ne se ferait pas sans difficultés. Bien que nous soyons très fiers de nos actions jusqu’à présent, nous aurions aimé en faire plus, mais divers obstacles ont limité notre portée et nous ont obligés à reconsidérer nos objectifs : 

  • La crise du Covid-19 est arrivée à un moment où nous avions développé un élan significatif, ce qui est devenu la préoccupation principale de toutes les personnes impliquées au niveau personnel, professionnel et municipal, ce qui a forcément ralenti notre rythme.
  • Benoît, notre directeur du développement durable, n’a pas pu avancer sur nos projets clés car les ressources de nos intervenants étaient concentrées sur la gestion de la phase de crise de la pandémie. Malheureusement, sa fenêtre de disponibilité s’est ensuite refermée car il a dû accepter un autre emploi.
  • Les conditions commerciales du projet de train ont changé de manière significative. La SNCF a modifié ses conditions d’affrètement d’un train, ce qui aurait obligé Montagne Verte à prendre un risque financier très important, ce qui ne nous semblait pas être une utilisation judicieuse de nos ressources.  
  • Après un accueil initial positif de la part des membres clés de la CCHC, le projet de biodéchets n’a pas gagné en popularité au sein de l’organisation (en charge de la gestion des déchets au niveau local), et malgré nos efforts pour encourager sa progression, il a été mis de côté en prévision d’une directive nationale pour les communes de gérer les biodéchets.  
  • Certains habitants de Morzine étaient en désaccord avec notre décision de fournir une analyse de l’impact de l’EMA. Nous pensons que cette opposition nous a empêchés d’avancer dans certains domaines, comme le fait de ne pas être acceptés comme membres de l’Office du Tourisme de Morzine ou de ne pas pouvoir jouer un rôle plus collaboratif avec le Conseil municipal de Morzine. 
  • La vie personnelle et professionnelle de plusieurs de nos membres du conseil d’administration a changé de façon significative, tous ne sont plus en mesure de consacrer autant de temps au projet qu’auparavant, tandis que certains ne vivent plus dans la région. Cela signifie que nous avons été moins en mesure d’engager de nouveaux bénévoles et d’intégrer plus de personnes dans les processus de prise de décision que cela n’aurait été optimal. 
  • Nous sommes sur le point de dire au revoir à Alice, notre secrétaire générale. Alice a joué un rôle fondamental dans le développement de l’association, dans l’établissement de relations importantes et dans la gestion d’une administration complexe. Nous allons forcément la regretter mais elle a d’autres projets à suivre et nous sommes heureux qu’elle continue à faire partie de notre conseil. 
  • L’un des plus grands obstacles est que nous nous sommes retrouvés avec un objectif très large, avec une immense variété de questions liées à la durabilité et à l’écologie. Cela a dilué notre capacité à avoir un impact important dans des domaines spécifiques. Nous sommes devenus un point de référence local pour la plupart des questions environnementales et sociales, ce qui a étendu encore davantage notre champ d’action. En conséquence, nous avons eu du mal à formuler clairement notre objectif. 

Une nouvelle direction 

Nous voulons nous assurer que Montagne Verte se développe d’une manière qui puisse être soutenue par tous nos membres et sympathisants, et notre projet est d’élargir notre champ d’action géographique tout en nous donnant des objectifs plus spécifiques. 

Au lieu de Montagne Verte Morzine, nous deviendrons désormais Montagne Verte Haut Chablais.  

Cela nous permet de mieux nous aligner sur nos membres et sur la CCHC, qui gère les déchets et les transports (entre autres) sources d’importants impacts environnementaux. Cela nous permet de collaborer avec les 15 communes du Haut Chablais et de nous associer à celles qui sont les plus ouvertes au changement. 

Notre nouvelle mission est de faire en sorte que chaque organisation gouvernementale, entreprise, association et individu du Haut Chablais devienne neutre en carbone

Cet objectif simple mais audacieux nous donne une voie claire pour aller de l’avant et nous communiquerons davantage sur ce que cela implique dans les semaines et mois à venir. 

Pour nous aider à atteindre ces nouveaux objectifs, nous allons engager un nouveau secrétaire général pour superviser le fonctionnement quotidien de l’association, gérer notre réseau de bénévoles et travailler avec le Conseil d’administration pour développer un plan détaillé dans la poursuite de l’objectif de neutralité carbone pour le Haut Chablais. 

Nous cherchons également à élargir le groupe de travail principal et le Conseil d’administration, car nous souhaitons apporter de nouvelles perspectives et des compétences différentes afin de soutenir l’équipe existante et de nous permettre d’atteindre nos objectifs ambitieux. 

Alors que le défi des crises climatique et écologique prend davantage d’ampleur, il est important que nous continuions à répondre et à nous adapter. Chez MV, nous faisons tout notre possible pour nous assurer que nous aidons ceux qui veulent agir, et ce le plus rapidement possible. Nous essayons également d’impliquer et d’informer ceux qui ne sont pas prêts à changer, et nous sommes extrêmement reconnaissants à tous ceux qui nous soutiennent dans cette aventure. 

6 avril 2022

Nouveau rapport du GIEC: des solutions face au changement climatique

Après des négociations intenses et 48h de retard, les représentants de 195 états ont approuvé le résumé de ce dernier volet du 6ème rapport d’évaluation du GIEC, travail du groupe III qui porte sur l’atténuation du changement climatique.

Ce rapport examine ce que nous pouvons faire pour limiter les émissions et fournit des pistes qui montrent comment les décisions que nous prenons aujourd’hui et dans les décennies à venir façonnent l’avenir de notre planète.

Développements récents et tendances actuelles

En 2010-2019, les émissions mondiales annuelles moyennes de gaz à effet de serre étaient à leur niveau le plus élevé de l’histoire de l’humanité, mais le taux de croissance a tout de même ralenti.

Nous ne sommes aujourd’hui clairement pas sur la bonne trajectoire, sans réductions immédiates et profondes des émissions dans tous les secteurs, la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C est hors de portée. Toutefois, les preuves de l’action climatique se multiplient. Le coût des technologies bas carbone a diminué ce qui les rend plus accessibles. Il y a une augmentation constante des politiques et lois qui permettent d’améliorer l’efficacité énergétique, de réduire les taux de déforestation et d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables.

Les contributions aux émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent cependant d’être extrêmement déséquilibrées. Les 10 % de ménages les plus aisés contribuent de manière disproportionnée aux émissions mondiales.

Combustibles fossiles

Le résumé explique de façon très claire la nécessité d’arrêter la production des combustibles fossiles : Si nous n’arrêtons pas bientôt la production de charbon, gaz et pétrole, nous dépasserons un réchauffement de +1,5°C. Non seulement nous ne devons pas créer de nouvelles infrastructures ou de nouveaux projets, mais les infrastructures existantes doivent être fermées prématurément.

Dans son discours poignant, Antonio Guterres, secrétaire générale des Nations Unies insiste : « Les activistes climatiques sont parfois dépeints comme de dangereux radicaux, mais les véritables radicaux dangereux sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles. Investir dans l’infrastructure actuelle des combustibles fossiles est une folie morale et économique« .

Agir maintenant

« Dans le cas où nous agissons immédiatement pour limiter le réchauffement, les émissions mondiales de GES devraient atteindre un pic au plus tard avant 2025. »

La date de 2025, soit dans 3 ans !!, doit être une incitation à agir maintenant, comme le rappelle Julia Steinberger une des auteurs du rapport. « soit nous allons sur une trajectoire qui nous mène au désastre, soit nous prenons les mesures nécessaires maintenant »

Différents scénarios

Le présent rapport évalue un large éventail de trajectoires et de scénarios d’émissions mondiales modélisés. Ces scénarios ne sont pas des prédictions, les différentes voies sont établies sur la base d’un ensemble d’hypothèses concernant les conditions socio-économiques futures et les mesures d’atténuation. Le GIEC ne recommande rien, mais fait la synthèse des éléments scientifiques.

Détail des scénarios avec ce lien (anglais)

Solutions dans tous les secteurs

Énergie

La réduction des émissions de GES dans l’ensemble du secteur de l’énergie nécessite des transitions majeures, notamment une réduction substantielle de l’utilisation globale des combustibles fossiles, le déploiement de sources d’énergie à faibles émissions, une généralisation de l’électrification et une meilleure efficacité énergétique.

Industrie

La neutralité carbone du secteur industriel représente un vrai défi, mais elle est possible. La réduction des émissions de l’industrie nécessitera une action coordonnée tout au long des chaînes de valeur pour promouvoir toutes les options d’atténuation, y compris la gestion de la demande, l’efficacité énergétique, l’utilisation de matériaux plus efficaces, la réutilisation, le recyclage, la réduction des déchets…

Villes et zones urbaines

Les villes ne peuvent atteindre la neutralité carbone que par une décarbonation profonde et une transformation systémique.

Comme indiqué dans la présentation, une meilleure planification urbaine est nécessaire ainsi qu’une production et une consommation durables de biens et de services, l’électrification, et l’amélioration de l’absorption et du stockage du carbone (par exemple, espaces verts, étangs, arbres).

Bâtiments

Pour les bâtiments encore à construire ou à rénover, des mesures ambitieuses doivent être portées en termes d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable. Pour les pays développés, le potentiel d’atténuation le plus élevé est lié à la modernisation des bâtiments existants, (ex : réaffecter les bâtiments existants inutilisés pour éviter notamment d’utiliser des terrains supplémentaires.)

Transport

La réduction de la demande et les technologies bas carbone sont essentielles pour réduire les émissions : Investir dans les transports publics et dans les infrastructures de transport actif (ex : pistes cyclables et piétonnes) et changer la forme urbaine (ex : la densité, utilisation des sols, connectivité et accessibilité) combinés à des programmes encourageant les changements de comportement des consommateurs (ex : campagnes vélo-boulot, cartes de transport gratuites, frais de stationnement ou suppression des avantages liés à la voiture.)

Le rapport indique que les véhicules électriques alimentés par de l’électricité à faibles émissions offrent le plus grand potentiel de décarbonation pour les transports terrestres, sur la base du cycle de vie ; mais sans oublier la nécessité de réduire l’impact environnemental notamment sur la production de batteries. Des carburants de substitution (hydrogène et biocarburants à faibles émissions) seront nécessaires pour l’aviation et le maritime.

« De nombreuses stratégies d’atténuation dans le secteur des transports auraient divers avantages connexes, notamment des améliorations de la qualité de l’air, des avantages pour la santé, un accès équitable aux services de transport, une réduction de la congestion et une réduction de la demande de matériaux. »

AFOLU Agriculture, sylviculture et autres utilisations des terres, et systèmes alimentaires

La plus grande part du potentiel économique d’atténuation provient de la conservation, de l’amélioration de la gestion et de la restauration des forêts et d’autres écosystèmes (zones humides, côtières, tourbières, savanes et prairies), et de la réduction de la déforestation.

La perte continue de biodiversité rend les écosystèmes moins résistants aux extrêmes du changement climatique. Une gestion améliorée et durable des cultures et de l’élevage, ainsi que la séquestration du carbone dans l’agriculture, (comme l’agroforesterie) peuvent contribuer à une réduction importante.

23 à 42 % des émissions mondiales de GES sont associées aux systèmes alimentaires, alors que l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont encore largement répandues.

Le passage à des régimes alimentaires comportant une part plus importante de protéines végétales, une consommation modérée d’aliments d’origine animale et une réduction de la consommation de graisses saturées pourrait entraîner une diminution substantielle des émissions de GES. Les avantages comprendraient également une réduction de l’occupation des sols et des pertes de nutriments dans le milieu environnant, tout en offrant des avantages pour la santé et en réduisant la mortalité due aux maladies liées à l’alimentation.

Demande et services: changement de comportement

Il s’agit du premier rapport du GIEC à fournir une évaluation approfondie de la manière dont le comportement, les choix et la consommation individuelle peuvent contribuer à atténuer le changement climatique.

Le changement de mode de vie nécessite des changements systémiques dans l’ensemble de la société. Cela permettrait de réduire les émissions mondiales de 40 à 70 % d’ici à 2050

Parmi les 60 actions identifiées qui pourraient modifier la consommation, les choix de mobilité individuelle présentent le plus grand potentiel de réduction de l’empreinte carbone. La priorité est donnée à la mobilité sans voiture par la marche et le vélo et à l’adoption de la mobilité électrique. Parmi les autres options figurent la réduction des voyages en avion, la réduction de l’utilisation des appareils ménagers, le passage aux transports en commun, la réduction des déchets alimentaires, des choix de chauffage et de climatisation adaptés au confort, et l’évolution de la consommation alimentaire vers un régime végétal.

Le concept d’économie circulaire est également présenté comme une approche d’atténuation de plus en plus importante : mettre l’accent sur la longévité des produits, la réutilisation, la remise à neuf, le recyclage et l’efficacité des matériaux, permettant ainsi de réduire l’énergie, les ressources et les émissions.

Le rapport rappelle que le potentiel d’atténuation de la demande diffère d’une région à l’autre et au sein d’une même région. Une partie de la population dans le monde est toujours confronté à des déficiences en matière de logement, de mobilité et de nutrition. Les personnes aisées contribuent de manière disproportionnée aux émissions et ont le plus fort potentiel de réduction des émissions tout en maintenant un niveau de vie et un bien-être décent.

Le changement de comportement individuel est insuffisant pour atténuer le changement climatique s’il ne s’inscrit pas dans un changement structurel et culturel. Avec un soutien politique, les options socioculturelles et les changements de comportement peuvent réduire de façon conséquente les émissions mondiales

Les mesures de confinement mises en œuvre dans de nombreux pays en réponse à la pandémie de Covid-19 ont démontré qu’il est possible de modifier les comportements à grande échelle et en peu de temps.

Élimination du dioxyde de carbone (CDR)

L’élimination du dioxyde de carbone est nécessaire pour contrebalancer les émissions difficiles à éliminer ; notamment par des méthodes biologiques : le reboisement et la séquestration du carbone dans le sol, l’amélioration de la gestion forestière, la restauration des tourbières, la gestion du carbone bleu (mangroves…).

Les nouvelles technologies nécessitent davantage de recherche, d’investissements initiaux et de preuves de concept à plus grande échelle.

Finance et investissement

Il existe un déficit de financement climatique qui reflète une mauvaise répartition persistante des capitaux mondiaux. Le rapport précise qu’il y a suffisamment de capitaux et de liquidités au niveau mondial pour combler les écarts d’investissement. Toutefois, cela dépend d’un signal clair de la part des gouvernements et de la communauté internationale, notamment d’un meilleur alignement des finances et des politiques du secteur public.

Politiques, instruments réglementaires et économiques

La meilleure façon d’obtenir des réductions profondes des émissions à long terme est de mettre en place des institutions et une gouvernance qui favorisent de nouvelles politiques d’atténuation. Les instruments réglementaires et économiques se sont déjà avérés efficaces pour réduire les émissions. Cela efficace nécessite une coordination entre les gouvernements et la société.

Innovation et Technologie

L’innovation dans les technologies d’atténuation du changement climatique a connu une énorme activité et des progrès significatifs ces dernières années. Mais avec des contreparties, comme une plus grande pollution environnementale, des inégalités sociales et une augmentation de la demande en énergie.

Les appareils numériques, y compris les serveurs, augmentent la pression sur l’environnement en raison de la demande de métaux rares et de leur élimination en fin de vie. L’absence de gouvernance adéquate dans de nombreux pays peut entraîner des conditions de travail difficiles et une élimination non réglementée des déchets électroniques. La fracture numérique existante, en particulier dans les pays en développement, et le manque de gouvernance appropriée de la révolution numérique peuvent entraver le rôle que la numérisation pourrait jouer dans la réalisation d’objectifs d’atténuation stricts. Les technologies numériques ont un potentiel important pour contribuer à la décarbonation en raison de leur capacité à accroître l’efficacité énergétique et matérielle, à rendre les systèmes de transport et de construction moins gaspilleurs et à améliorer l’accès aux services pour les consommateurs et les citoyens. Une prise de décision efficace nécessite d’évaluer les avantages, les obstacles et les risques potentiels.

Liens entre l’atténuation, l’adaptation et le développement durable

Il existe des liens de plus en plus étroits entre l’atténuation du changement climatique et la poursuite des objectifs de développement durable. Les Objectifs de développement durable (ODD) peuvent servir de base pour évaluer l’action climatique.

Sans mesures d’atténuation urgentes, efficaces et équitables, le changement climatique menace de plus en plus la santé et les moyens de subsistance des populations du monde entier, la santé des écosystèmes et la biodiversité. Les inégalités dans la répartition des émissions et dans les impacts des politiques d’atténuation au sein des pays affectent la cohésion sociale et l’acceptabilité des politiques d’atténuation et autres politiques environnementales.

Les mesures d’atténuation du changement climatique qui s’inscrivent dans le contexte du développement durable, de l’équité et de l’éradication de la pauvreté, seront plus acceptables, durables et efficaces. L’équité et les transitions justes peuvent permettre des ambitions plus profondes pour une atténuation accélérée.

Renforcer la réponse, prendre des mesures aujourd’hui

ll existe des options d’atténuation au changement climatique qu’il est possible de déployer à grande échelle et à court terme. Des mesures peuvent être prises dès maintenant pour modifier les trajectoires de développement, avec une coopération internationale renforcée.

Hoesung Lee, président du GIEC déclare : « Nous sommes à la croisée des chemins. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement. »

Il temps d’agir, et maintenant. Le futur est entre nos mains.

Plus d’info

Résumé officiel pour décideur (en anglais)

Réseau Action Climat: quelles solutions face au changement climatique

Résumé de Bon Pote: nouveau rapport du GIEC

Auteur: Alice de Chilly

21 mars 2022

Qu’est-ce que la Fast Fashion?

La mode remonte à l’époque où les gens ont commencé à enrouler, draper ou nouer des feuilles, de l’herbe ou des peaux d’animaux autour de leur corps. On avance rapidement jusqu’au début des années 1800 où le premier créateur de mode au monde, Charles Worth, apparaît à Paris. Un autre siècle plus tard, les magazines de mode commencent à utiliser des photographies de mannequins portant des articles de créateurs. Après la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle génération en plein essor et dotée d’un pouvoir d’achat a suscité une énorme demande de vêtements, accessoires et prêt-à-porter.

Aujourd’hui, les influenceurs des médias sociaux, les célébrités, les défilés des capitales de la mode, les panneaux d’affichage et les blogueurs de mode nous entourent tous. Il suffit de fouiller dans les étiquettes de la plupart des armoires pour s’apercevoir que d’énormes pourcentages des vêtements d’aujourd’hui sont produits en Chine, au Bangladesh, en Inde et au Vietnam. Le faible coût d’une main-d’œuvre importante et les machines de haute technologie permettant la production de masse ont contribué à la création de ce que nous appelons la « fast fashion ». Nous sommes constamment entourés de marketing nous encourageant à acheter la tendance de « cette saison ». L’accessoire de mode le plus en vogue aujourd’hui est le naufragé de demain. Une grande partie de cette mode rapide est vendue à des prix extrêmement bas, ce qui n’est possible que grâce à l’utilisation d’esclaves modernes dans des ateliers clandestins et de matériaux synthétiques difficiles à recycler. Des pesticides sont utilisés pour favoriser la croissance du coton industriel afin de répondre à notre demande de vêtements toujours plus nombreux.

De nombreuses entreprises ont recours à une technique appelée « obsolescence planifiée », qui consiste à créer délibérément une durée de vie artificiellement limitée ou un design fragile afin que le consommateur doive dépenser plus d’argent pour le remplacer. Le « lavage vert » est également de plus en plus répandu. Il s’agit d’entreprises qui font des déclarations non fondées et créent des impressions trompeuses pour faire croire aux consommateurs que leurs produits sont plus respectueux de l’environnement qu’ils ne le sont en réalité. Les consommateurs peuvent ainsi être induits en erreur et agir de manière non durable tout en pensant faire un achat positif et écologique.

Alors, où cela nous mène-t-il ? Quel est l’avenir de la mode ? Heureusement, nous avons l’innovation de notre côté. Pensez à des vêtements durables, imprimés en 3D et utilisant des encres véritablement écologiques. Pensez aux micro-algues, qui sont exploitées comme une nouvelle ressource durable pour fabriquer des fibres et des colorants pour l’industrie textile, au cuir cultivé en laboratoire…

Et que dire des vêtements qui existent déjà ? Tombez amoureux des vêtements vintages. Réutilisez et réparez de vieux vêtements… Fabriquez un tote bag ou sac fourre-tout à partir d’une vieille chemise ou un coupe-vent à partir de ce vieux jean dans lequel vous n’arrivez plus à vous glisser.

sewing

N’oubliez pas qu’un habit non utilisé peut devenir le trésor d’un autre. Ce n’est pas parce que vous n’aimez plus un objet que quelqu’un d’autre ne l’aimera pas. De nos jours, les boutiques associatives comme celle de Montagne Verte à Morzine ne se contentent pas de prendre des articles (souvent presque neufs) pour approvisionner leurs propres rails, ils les filtrent également pour d’autres organisations. Certains articles seront transmis aux sans-abris ou aux familles de migrants, et même les articles imparfaits peuvent être restaurés par nos bénévoles économes. De plus en plus de systèmes de location de vêtements voient le jour, pour ceux qui souhaitent rester à la pointe des tendances ou assister à un événement prestigieux sans remplir leur garde-robe d’articles qu’ils n’utiliseront qu’une ou deux fois (la marque Picture par exemple a mis en place un système de location de vêtements: Picture Location) Vous pouvez également louer du matériel de bivouac pour des treks: Bivouac Location. Et bien sûr, les plateformes en ligne telles que Vinted ou Everide permettent également d’acheter très facilement des vêtements d’occasion selon des critères spécifiques. Il devient même très facile de vendre ses propres vêtements !

Aidons la mode à sortir de la voie rapide de la fast fashion et ralentissons

Auteur: Tiny Travel Rebel

27 janvier 2022

TRAIN VS AVION: ÉMISSIONS DE CO2

TRAIN VS AVION: ÉMISSIONS DE CO2 ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le dérèglement climatique sera et représente même déjà un des plus grands défis de l’humanité. L’augmentation des gaz à effet de serre (dont le CO2 ) émis notamment suite aux activités humaines, réchauffe la terre et entraîne un dérèglement climatique.

La crise climatique est déjà bien réelle (fonte de glace, inondations, montée des eaux, perte de la biodiversité, sécheresse, réfugiés climatiques, canicules, incendies, famines climatiques…). Les Alpes se réchauffent aussi à un rythme presque deux fois plus rapide que le reste de la planète et le changement est certes moins dramatique qu’ailleurs dans le monde mais déjà bien visible (fonte des glaciers, réduction de la durée de l’enneigement, réchauffement, fonte du permafrost…)

Pour limiter les effets du changement climatique, il est crucial de s’attaquer aux causes en réduisant les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) et notamment le CO2. Et afin de savoir comment agir pour les réduire, il est important de comprendre d’où elles proviennent, c’est pourquoi sont réalisés des empreintes carbones, des bilans carbones…

TRANSPORT : ENJEU MAJEUR DU TOURISME ET DES STATIONS DE SKI

Ces études démontrent par exemple qu’en France, le transport représente 30% des émissions de gaz à effet de serre soit la première source d’émissions devant les bâtiments, l’agriculture et l’industrie.

Pour le secteur du tourisme, le chiffre est encore plus important. Dans le dernier bilan des émissions de GES du secteur tourisme en 2021, les émissions proviennent à 77% de la mobilité des touristes. (et le transport aérien représente 40% du total) Selon un bilan carbone de plusieurs stations de ski, réalisé par l’ANMSM, la majorité des émissions constatée en stations est aussi issue des transports de personnes (57%).

Tout prouve qu’agir sur la mobilité doit être une priorité. Changer de mode de transport est aujourd’hui incontournable pour limiter nos émissions.

source : ADEME, Bilan du secteur touristique en France, 2021 – Émissions de GES

source : ADEME, Bilan du secteur touristique en France, 2021 – Émissions de GES
TRAIN VS AVION : CO2

Alors comment calculer l’impact de nos transports ? Vous trouverez différents calculateurs qui comparent les émissions par mode de transport (avec des options comme ajouter des passagers, kilomètres, itinéraires etc…) comme celui de la SNCF, Green Tripper, Myclimate, ou mon impact transport de l’ADEME. Ils permettent d’avoir une idée des ordres de grandeur onnent des différentes émissions et de l’impact environnemental entre le train et l’avion (et la voiture…)

Les résultats sont toujours sans appel : les émissions du train sont bien moins élevées que celles de l’avion et de la voiture. Le train est imbattable. Peu importe avec quel type de train ou sur quelles lignes empruntées, le train l’emporte haut la main et éclipse même les trajets en voiture.

Par exemple, un trajet Paris-Lyon en avion émet 66 fois plus de CO2 que le train.

Prendre le train pour faire Londres-Paris permet de réduire ses émissions de CO2 de quasiment 90% (article de Seat 61)

Un aller-retour Londres-Genève émet 360kg de CO2eq, 80kg en voiture à 3 personnes (ou 280 kg en voiture pour une personne seule !) et 7kg en TGV… ! (ou même moins en fonction des comparateurs)

Même en prenant en compte dans les calculs les infrastructures et la maintenance, le train garde toujours un net avantage en France. (lire article de Bon Pote)

En plus du CO2 émis par la production et combustion du carburant, les avions peuvent affecter le climat par d’autres émissions, polluants et processus atmosphériques tels que les trainées de condensation qui peuvent se former à leur passage. La base carbone de l’ADEME estime que cela doublerait le forçage radiatif de l’aviation.

Afin de rester sur une trajectoire à + 2°C maximum, l’empreinte carbone d’un français doit être divisé par 5 ou 6 car il faut viser une empreinte carbone de 2 tonnes de CO2eq par personne. Pour info, un aller retour Paris – New York correspond déjà à ce budget annuel… (sachant qu’il faut aussi se nourrir, se chauffer, se déplacer aussi au quotidien…) Sachant que la compensation carbone n’est pas une solution à long terme pour le changement climatique, et qu’il est impératif de réduire ses émissions, une réduction du trafic aérien est nécessaire pour être en accord avec les objectifs climatiques. source: Pourquoi arrêter l’avion ne devrait plus être un débat (Bon Pote)

TOURISME DURABLE

Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreux à être concernés par notre impact environnemental. En Scandinavie, depuis quelques années le Flygskam ou – la honte de prendre l’avion pour des raisons environnementales – se développe. Habitants et touristes,

nous aspirons tous à être des visiteurs respectueux de cet environnement fragile et merveilleux que nous aimons tant. Nous voulons continuer à profiter de nos montagnes, mais d’une manière différente. Il est temps d’agir et prendre le train est déjà la première étape importante vers un tourisme durable. Nous rappelons aussi que nous habitants sommes responsables de cette majorité de gaz à effet de serre liés aux transports. A nous de réduire aussi cette empreinte et dans la mesure du possible, marcher davantage, prendre notre vélo, les navettes et transport en commun ou faire du covoiturage.

En tant qu’entreprise et commerçant, il est important aussi d’agir sur la demande touristique pour soutenir les évolutions comportementales et accompagner nos visiteurs vers un tourisme durable de façon systémique.

Si une taxe carbone significative était instaurée (basée sur un scénario de +1,5°C), certaines personnes pourraient avoir du mal à venir en station en voiture. Il est donc intéressant et nécessaire de réfléchir en amont à décarboner nos transports et revoir nos mobilités.

Encourager les gens à prendre le train ou à utiliser la mobilité douce est donc une étape importante et nous travaillons dans ce sens. (voir notre campagneAlpinExpress campaign).

Auteur: Alice de Chilly

22 décembre 2021

L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU NUMÉRIQUE

GAZ A EFFET DE SERRE

Le numérique émet aujourd’hui 4 % des gaz à effet de serre du monde, et ce chiffre s’accroît de 9 % par an. Au rythme actuel, sa part aura plus que doublé en 2025.

Ce secteur permet de multiples évolutions et améliorations au quotidien, mais il est primordial de prendre en compte son impact environnemental. On parle de « dématérialisation », de « cloud », mais le numérique bien qu’il semble invisible et virtuel est avant tout matériel avec une véritable réalité physique.

QUELQUES CHIFFRES ET ORDRES DE GRANDEUR
  • Si internet était un pays, il serait le 3ème consommateur mondial d’électricité et il aurait une empreinte carbone 2 à 3 fois supérieure à la France
  • 32 kilos de matières sont nécessaires pour fabriquer une puce électronique de 2 grammes (sans parler des ressources en eau)
  • La fabrication d’un ordinateur nécessite 240kg de combustible fossile, 22kg de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau
  • La fabrication d’une télévision de 47 pouces émet 479 kg de gaz à effet de serre et elle nécessite 26 000 litres d’eau
  • En 2019, on compte 34 milliards d’équipements numériques pour 4,1 milliards d’utilisateurs dans le monde.
  • 15000 km, c’est la distance moyenne parcourue par une donnée numérique (mail, requête web, vidéo…)
  • Envoyer un mail ave une pj = laisser une ampoule allumée pendant 1h
  • Chaque minute passée sur Instagram consomme environ 175 Wh et émet environ 90 g de CO2.
La mine de Baotou, le plus grand site minier de terres rares de Chine, appelée la ville du cancer…
LA FABRICATION, L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL LE PLUS IMPORTANT

Pas moins de 70 matériaux différents, dont 50 métaux (notamment des métaux rares) sont nécessaires pour fabriquer un smartphone. L’extraction de la croûte terrestre et leur exploitation requiert des volumes de terre et d’eau gigantesques et conduit notamment à la destruction d’écosystèmes. 

Les industries minières et métallurgiques font partie des activités humaines les plus polluantes :  destruction de sites naturels, consommation d’énergie et d’eau, rejets de métaux lourds et nocifs, utilisation de produits chimiques nocifs, eaux polluées etc… La fabrication entraîne donc un épuisement des ressources, sans parler de l’exploitation humaine, travail des enfants, conditions de santé, conflits armés, (cf minerais de sang)… Les métaux lourds sont souvent rejetés directement dans la nature, s’infiltrent dans les nappes phréatiques, jusqu’aux cultures ce qui implique des graves problèmes de santé pour les populations locales.

La plupart des composants sont fabriqués en Chine (dont l’électricité provient majoritairement du charbon…) et leur transport (en avion le plus souvent) vient encore alourdir le bilan.

Ces ressources ne sont pas infinies et pour satisfaire la demande croissante, on creuse de plus en plus profond, ce qui nécessite toujours plus d’énergie. (Lire Le Smartphone un poison pour la planète)

Comme nous changeons nos téléphones en moyenne tous les 2 ans, les déchets électroniques augmentent de façon exponentielle et sont aussi parmi les plus compliqués à traiter. La majeure partie n’est pas triée et termine en incinération ou en décharge, pollue sols et rivières. Le taux de recyclage est extrêmement faible. (environ 15% des smartphones par exemple) et sont acheminés illégalement vers des décharges en Afrique ou Asie.

La pollution générée par nos déchets électrique et électronique est de plus en plus préoccupante. Par exemple, un des lieux les plus pollués au monde est une décharge d’objets électroniques au Ghana à Agbogbloshie, qui entasse 40 000 tonnes de matériaux provenant de nos pays développés.

Extracteur de métaux rares et installation de câbles sous-marins: la face cachée des machines derrière nos appareils
UTILISATION

Bien que la fabrication concentre le plus d’impact environnemental, notre usage n’est pas en reste. Notre utilisation n’est pas « dématérialisée » mais fonctionne uniquement grâce aux équipements (ordinateurs, câbles, box…) et avec des réseaux et infrastructures. 

Nous avons souvent le sentiment que toutes nos connexions se font de façon virtuelle, sans fil, sans raccord. Nos équipements ne sentent pas mauvais, ne crachent pas de grosse fumée noire, nous n’avons donc pas l’impression que leur utilisation a un coût environnemental, tout semble invisible. Pour autant, la réalité est bien différente, toutes nos connexions nécessitent une vraie infrastructure. 

Vous avez sûrement entendu parler des centres données, les fameux data centers : l’électricité de ces data centers est certes de plus en plus décarbonée, cependant leur fonctionnement est très gourmand en énergie : le stockage des données génère de la chaleur, ce qui entraîne des besoins en climatisation et donc une consommation importante en eau. 

On pense aussi immédiatement aux satellites dans l’espace, qui sont de plus en plus nombreux mais jouent un rôle assez infime dans la transmission des données internet.

L’essentiel du trafic internet passe par des câbles sous-marins. Aujourd’hui, plus d’1,2 million de kilomètres de câbles traversent le globe, soit 32 fois le tour de la Terre. Ces câbles sont enfouis dans le sol marin par des navires câbliers et des machines sous-marines, leur durée de vie théorique est de 25ans. Ils sont parfois remplacés avant cette durée lorsqu’ils sont considérés comme obsolètes technologiquement et que l’on veut doper leurs capacités.

Réseau des câbles sous-marins
15 ACTIONS POUR RÉDUIRE NOTRE IMPACT

La fabrication représentant 3/4 des impacts, agir sur ses équipements est la première étape importante.

  1. Réduisons le nombre de nos équipements, gardons un esprit critique et questionnons-nous lors de nos achats : ces équipements, objets connectés, ou gadgets sont-ils vraiment indispensables à mon quotidien ?
  2. Allonger la durée de vie de nos équipements est un geste des plus efficaces : essayons au maximum d’en prendre soin (coques et verres de protection), et si possible de les réparer (tutoriels ou save.co) Il est important aussi d’entretenir ses appareils (panne, antivirus, etc) grâce à des logiciels comme ccleaner
  3. Si vraiment votre appareil ne fonctionne plus et n’est pas réparable, il est impératif de ne pas le jeter à la poubelle mais de le recycler ou par exemple de l’envoyer sur cette plateforme pour les téléphones
  4. Pour un achat (nécessaire), privilégions le reconditionné ou l’occasion (même si cela ne doit pas être une excuse pour changer plus souvent!), orientons-nous vers des produits porteurs de labels environnementaux (EPEAT et TCO Certified, Der Blaue Angel) comme Fairphone
  5. La vidéo en ligne représente 80% des flux des données numériques et engendre 306 millions de tonnes de CO2 par an dans le monde : une des actions est d’essayer de diminuer sa consommation de vidéo en ligne,  d’utiliser une plus faible résolution lorsqu’on regarde une vidéo, et désactiver la lecture automatique des vidéos sur les réseaux (lire Climat: l’insoutenable usage de la vidéo)
  6. Réduisons la taille de nos écrans de TV : la consommation augmente avec le carré de la diagonale
  7. Un message whatsapp consomme 4g et un sms 0.014g, pourquoi ne pas revenir aux bons vieux sms! (lire empreinte carbone message)
  8. Gérons mieux notre boîte mail : supprimons les mails (et non les archiver) et allégeons nos envois (privilégions les plateformes de transfert comme filevert aux pièces jointes)
  9. Sur nos smartphones, désactivons les notifications non nécessaires et limitons l’ajout d’applications
  10. On éteint et débranche nos appareils informatiques lorsqu’on ne les utilise pas (ordi, imprimante, box: une box consomme autant qu’un réfrigérateur!)
  11. Préférons le Wi-Fi au réseau 4G qui est 20 fois plus impactant (lire gestes au quotidien)
  12. Limiter son utilisation de moteur de recherche : 1 requête sur Google est l’équivalent de laisser allumer 1 ampoule 12W pendant 2h… et choisir un moteur plus responsable comme ecosia
  13. Faisons du tri dans ce que l’on stocke sur le cloud (photos, vidéos…) : privilégier le stockage des données en local est plus éco-responsable
  14. On n’imprime pas ses mails est un adage connu et toujours avéré. (Même si le temps de lecture à l’écran sera plus impactant et que le papier restera le support plus adapté pour une lecture prolongée.)
  15. Et surtout… effectuer des tâches quotidiennes sans son smartphone : un réveil, un agenda.. et faire des activités sans objets connectés… On profite de la nature, (en gardant juste son téléphone au fond du sac à dos en cas d’urgence!)
CONCLUSION

Nous ne remettons pas en cause les impacts positifs du numérique, indispensable dans notre quotidien aujourd’hui. En tant qu’association, nous avons un site internet, sommes sur les réseaux sociaux, vous envoyons des newsletters et partageons des articles de blog comme celui-ci…

Cependant le numérique n’est ni renouvelable, ni durable, sa part dans les émissions de GES est telle qu’en continuant sur cette lancée, nous ne pourrons répondre à la baisse nécessaire de nos émissions pour rester en-dessous des +2°C.

Nous vous invitons donc à prendre conscience des enjeux, de cette matérialité du numérique qui est souvent sous-estimée, à questionner vos besoins, vos pratiques et réfléchir à une utilisation plus responsable. 

POUR ALLER PLUS LOIN

Pour une informatique éco-responsable – CNRS

Combien surfer sur le web coûte au climat: télécharger Carbonalyser

Impact environnemental du numérique

Green It

Simulateur d’impact numérique

ADEME, la face cachée du numérique

Pour une sobriété numérique, le Shift Project

Un portable ne pèse pas 150 gr mais 150 kilos

Cette vidéo réchauffe le climat mais prenez 2min pour la regarder

Le voyage du smartphone

2 novembre 2021

LES ENJEUX DE LA COP 26


QU’EST-CE QUE LA COP?

La COP ou Conférence des Parties, est un sommet annuel qui réunit les pays signataires de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  La COP 26 est donc la 26ème depuis l’entrée en vigueur du traité le 21 mars 1994.

Après avoir été reportée d’une année à cause de la crise sanitaire, plus de 190 dirigeants mondiaux et des acteurs de la société civile (entreprises, ONG, peuples autochtones, scientifiques…) vont participer à deux semaines de réunion à Glasgow, ce jusqu’au 12 novembre. 

L’absence des présidents chinois, russe et brésilien est regrettable. Tout comme la sous-représentation à cette conférence des pays les plus vulnérables, notamment à cause de l’obligation vaccinale et du coût particulièrement élevé du déplacement et du logement sur place.

UN CONTEXTE PARTICULIER

Cette COP intervient dans un contexte unique, quelques mois après le rapport du Groupe 1 du GIEC qui confirme l’ampleur du changement climatique qui est sans équivoque lié aux activités humaines ; et que la décennie à venir est cruciale pour agir et réduire nos émissions de GES.

Les phénomènes climatiques extrêmes de cet été viennent confirmer. Canicules, inondations, incendies, migrants climatiques, dômes de chaleur, sécheresses, famines climatiques sont déjà révélateurs du réchauffement. Des degrés ou dixièmes de degrés de différence auront des conséquences dramatiques.

ACCORDS DE PARIS 

En 2015, la COP21 avait lieu à Paris, débouchant sur des accords sur le climat afin d’endiguer le réchauffement climatique. Les pays se sont fixer des objectifs pour réduire leurs émissions de GES, c’est-à-dire les Contributions Déterminées au Niveau National (CDN)

Aujourd’hui, l’empreinte carbone d’un français est de 11 tonnes de CO2 par an. Pour respecter les accords de paris, cette empreinte doit être réduite à 2 tonnes de CO2 par an en 2050, soit une baisse de 80%. Nous vous invitons à calculer votre empreinte carbone avec le calculateur de l’ADEME : https://nosgestesclimat.fr

Il est certes important pour chacun de faire sa part mais afin de faire face à l’urgence climatique, le changement doit être systémique. Les entreprises, les gouvernements et les États doivent se transformer en profondeur.

L’ONU a rappelé cet automne que les engagements actuels mènent la planète vers un réchauffement climatique « catastrophique » de 2.7°C, très loin des objectifs des 1.5°C des Accords de Paris. “Un aller simple vers le désastre” selon le secrétaire général Antonio Guterres.

Pour inverser cette tendance, il est vital de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre au cours des dix années à venir.  À l’occasion de cette COP26, les pays doivent annoncer leurs nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

OBJECTIFS

Les quatre objectifs présentés par le gouvernement français sont les suivants : 

  1. Rehausser l’ambition climatique. Les États qui ne se sont pas encore engagés doivent annoncer leur nouvelle ambition climatique, via la mise à jour des contributions déterminées au niveau national (CDN) et la publication de stratégies de long terme à horizon 2050
  2. Finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris. L’article 6 de l’Accord de Paris prévoit des mécanismes autorisant les pays à échanger des réductions d’émissions afin d’atteindre leur CDN. Une décision de la communauté internationale doit être prise pour que ces mécanismes deviennent opérationnels.
  3. Mobiliser la finance climat. Les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars en faveur des pays en développement pour chaque année de 2020 à 2025. Mais le compte n’y est pas et des différents persistent sur le financement climat.
  4.  Renforcer l’Agenda de l’action. L’Accord de Paris encourage les États à coopérer avec les acteurs non étatiques au sein d’un Agenda de l’action rassemblant de multiples initiatives par grands secteurs d’activité, comme l’Alliance solaire internationale

Nous retrouvons des objectifs similaires sur le site officiel de la COP 26 :

Les pays du Sud sont les premières victimes du changement climatique, ils subissent les conséquences des émissions de gaz à effet de serre dont ils ne sont en majorité nullement responsables. Il faut donc réellement financer les pays en voie de développement à hauteur de 100mds comme c’était prévu en 2009 mais ce qui n’est toujours pas le cas. La justice climatique est donc en enjeu majeur.

Il est également nécessaire d’obtenir un véritable engagement des états en comblant l’écart entre le discours et les actes. Le problème étant que les promesses annoncées par les États pour atteindre la neutralité carbone sont souvent vagues et ne se reflètent pas dans les engagements pris à moyen terme. Certaines mesures sont vitales : arrêter l’exploitation des énergies fossiles (notamment sortir rapidement du charbon), investir dans les énergies renouvelables,  enrayer la déforestation, passer au véhicules électriques, réduire les autres émissions de gaz à effet de serre comme le méthane…

Il faut également mettre l’accent sur la finance qui un levier majeur pour acter la transition écologique. Aujourd’hui de trop nombreuses banques financent des projets écocides, en total désaccord avec les ambitions climatiques.

Enfin, le climat et la biodiversité sont indissociables. Aujourd’hui, 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction. Il n’y aura pas de lutte contre le changement climatique sans prendre en compte nos écosystèmes. Comme le préconise conjointement le GIEC et l’IPBES, Il faut aborder ensemble ces 2 crises et protéger la biodiversité pour lutter contre le réchauffement. 

ON Y CROIT?

Jusqu’à présent, les COP n’ont pas empêché les émissions de gaz à effet de serre de continuer à augmenter. Que l’on soit pessimiste ou dubitatif sur les résultats de cette COP – qu’il ne faut pas surestimer – il n’en demeure pas moins que ce sommet reste crucial.. 

La coopération internationale, bien qu’imparfaite et laborieuse est absolument nécessaire. Chaque état ne peut pas s’occuper uniquement de ses propres émissions carbones et de l’atmosphère juste au-dessus de lui, le changement climatique est un problème global qui doit être traité au niveau international. La COP sert également à mobiliser la société civile et sensibiliser l’opinion publique.

Nous tentons de rester positif car nous pouvons encore agir. Le changement climatique est réel, bien réel et va se poursuivre de façon irréversible. Mais chaque dixième de degré compte, chaque tonne de CO2 compte. Il est encore possible d’agir, parce que le niveau de réchauffement que nous connaîtrons dans le futur dépendra en grande partie de nos émissions actuelles. 

Si nos jeunes générations y croient et se battent, nous devons nous joindre à leur voix et demander avec eux de faire face instamment à l’urgence climatique, pas l’année prochaine, pas le mois prochain, mais maintenant.
Nous vous invitons donc vivement à suivre l’évolution de cette 26ème COP, tout en restant mesuré et attentif face au greenwashing et effet d’annonces.

Quelques liens pour en savoir plus:

Cop 26 les 7 objectifs pour espérer: du Bonpote.com

Discours de David Attenborough

Quatre graphiques pour comprendre les enjeux climatiques

Comprendre la COP 26

Action Réseau Climat Cop ou Flop

Auteur: Alice de Chilly

8 août 2021

Impacts du changement climatique sur la faune alpine

DANS LES ALPES, DES CHANGEMENTS RAPIDES

Le changement climatique est davantage évoqué récemment dans les médias. Qu’en est-il dans les Alpes ? Lors de la création de Montagne Verte il y a juste 2 ans, nous vous alertions sur le changement climatique qui a engendré dans les Alpes une augmentation de la température de presque 2 fois la moyenne mondiale.

Falaises abruptes, prairies alpines fleuries, combes enneigées : la beauté diversifiée et sauvage de nos montagnes dépend de l’ensemble de ces microclimats, des écosystèmes si différents que l’on trouve dans un espace réduit. Dans les Alpes, le climat varie avec l’altitude et le long des versants : on perd environ 0,6° pour 100m d’altitude..

Dans nos massifs, le changement devient visible. Qui n’a pas vu les photos de nos glaciers, véritables sentinelles du réchauffement climatique, qui reculent à vue d’œil?

Les températures augmentent, dans les Alpes du Nord, au cours des 40 dernières années, la durée de l’enneigement entre 1100m et 2500m a réduit de presque 5 semaines. La dégradation du pergélisol, ou permafrost, véritable ciment des montagnes, fragilise les parois. Plus de 700 écroulements ont été comptabilisés dans le massif du Mont Blanc entre 2007 et 2017.

Le bouleversement pour les espèces faunes et flores sont certes moins visibles que le recul glaciaire ou les écroulements rocheux mais pour autant aussi durables et profonds.

DES HIVERS PLUS DOUX

Un hiver moins rigoureux avec la réduction du manteau neigeux peut être bénéfique pour certaines espèces avec notamment l’augmentation de la durée de la végétation.

Mais d’autres en sont bouleversées car elles ne deviennent tout simplement plus adaptées. Pour les plantes, si la neige fond tôt au printemps, un risque important de gel tardif demeure.

De même pour le lagopède, le lièvre variable ou l’hermine qui changent de tenue en hiver pour se fondre dans le blanc de l’hiver ; lorsque la neige a fondue, leur camouflage n’est plus efficace face aux prédateurs. La date de la mue dépend en effet de la durée du jour et non de la température ou de la neige.

Le manteau neigeux maintient également une température au sol de quasi 0°. La neige est l’un des meilleurs isolants possibles pour la flore et pour certains animaux qui s’y abritent. Pour les marmottes, le manque de neige n’isole plus leurs terriers. Elles consomment plus d’énergie pour se réchauffer ce qui réduit leur poids au printemps. Il a été constaté que la survie des jeunes marmottons diminue après un hiver moins enneigé.

De même si la neige fond trop tôt, certains versant se retrouvent privés de sa fonte progressive qui assure une disponibilité en eau même au cœur de l’été.

La plupart de nos lacs de montagne perdent de l’oxygène en raison des températures plus élevées en Pour nos lacs de montagne, en raison des températures plus élevées, ces derniers perdent en oxygène. Tout comme pour le lac Léman, les eaux les plus profondes du lac n’ont pas été brassées depuis 9 années consécutives, ce qui entraîne des conséquences sur la biodiversité aquatique.

TOUJOURS PLUS HAUT

Une réponse principale au changement climatique est la tendance générale des espèces à se déplacer vers le haut pour retrouver leurs conditions optimales d’habitat. Les plantes et arbres montent en moyenne de 30m par décennie, 45 mètres chez les insectes et même 17 mètres pour les escargots. Quand on connait leur vitesse de pointe, on se rend compte que ce changement peut être considérable !

Étant donné la forme pyramidale des montagnes, l’espace disponible se réduit en altitude et offre de moins en moins de place pour chacun à l’avenir.

Un des meilleurs exemples est le lagopède. Relique des périodes glaciaires, avec ses pattes emplumées, qui lui ont valu son nom de Lagopus « pattes de lièvre », il a besoin de froid pour se reproduire et a trop chaud à partir de 21°… Dans les Alpes suisses orientales, on a observé les lagopèdes à des altitudes de plus en plus élevées, avec une augmentation de 6 à 9m par an. Son habitat rétrécit forcément ce qui devient préoccupant pour sa conservation

Quand un bouquetin rencontre un lagopède, pensez-vous qu’ils parlent de changement climatique ?

La forêt remonte aussi, les Alpes verdissent, ce qui est à double tranchant également. On ne peut que se réjouir de l’abondance d’arbres mais les pelouses et prairies alpines sont toutefois nécessaire pour de nombreuses espèces.

Y’A PLUS DE SAISON !

Une autre des adaptations forcées est le décalage des dates des cycles saisonniers.

Les insectes, les reptiles, les papillons, qui ne régulent pas la température de leur corps, avancent aujourd’hui leur cycle saisonnier régulièrement. Ce qui n’est pas le cas des oiseaux et des mammifères, leur cycle étant dicté par la durée du jour plus que par la température.

Quand on étudie les herbivores de montagne, on prend conscience de l’harmonie parfaite des animaux avec leur environnement. La date de mise bas des chamois et bouquetins est par exemple en accord parfait avec le pic de production de la végétation..

Lors de températures élevées au printemps, le démarrage de la végétation est alors précoce mais les plantes perdent rapidement en quantité nutritive après la floraison. Les dates de naissance restent inchangées même si le pic de floraison et la végétation est de plus en plus avancée dans la saison. Le timing parfait est alors déréglé.

Pour les chamois, le printemps est une période primordiale car les femelles doivent bénéficier d’une nourriture certes en quantité mais également de qualité pour avoir une lactation optimale et commencer à constituer des réserves de graisses. Une femelle chamois ne pèse presque que 25kg au printemps et doit regagner quasiment 10kg pendant l’été.

Autre exemple, pour les bouquetins mâles nés lors d’un printemps chaud, ils auront des cornes plus petites que leurs congénères nés lors d’un printemps plus frais. Il est fort probable que des printemps plus frais permettent d’avoir une nourriture très nutritive et d’obtenir une condition physique favorable de la mère en fin de gestation, et du lait et des végétaux de qualité qui seront ingérées par le cabri dès son premier été.

Des températures estivales trop chaudes vont aussi stopper la croissance des plantes et donc limiter les ressources possibles avant l’hiver. Des études ont montré que moins de cabris naissent les années suivant les étés chauds. Cela démontre que les étagnes (femelles bouquetins) ne constituent pas suffisamment de bonnes réserves lors d’été trop chauds pour mener à bien gestation l’année suivante.

ET MAINTENANT QUE FAIT-ON?

En s’interrogeant sur l’adaptation de ces espèces, habitants familiers de nos montagnes, et de constater tristement que cette partition si bien accordée se dérègle, comment ne pas se demander comment devons-nous, nous aussi, nous adapter à cet environnement singulier?

Redevenir des habitants discrets, préserver nos habitats culturels, économiques et affectifs. Aiguiser nos regards et accorder une vraie place à la biodiversité extraordinaire de nos reliefs.

Prendre soin de nos vallées et nos sommets, pour que nos visiteurs aient encore des espaces pour se ressourcer, rêver et s’évader.

Ralentir, ancrer la nature dans nos pensées et dans nos décisions futures.

Sources: Atlas du Mont-Blanc par le CREA, OFB, CNRS, Magazine Salamandre, Nature déboussolée par le CREA, Vogelwarte, Wsl.ch

Auteur: Alice de Chilly

7 mars 2021

Qu’est-ce que l’économie circulaire

Explorer l’économie circulaire

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’expression « économie circulaire » dans des blogs comme le nôtre. Mais pour beaucoup d’entre nous, il n’est pas évident de savoir ce qu’est réellement une économie circulaire et ce à quoi elle peut ressembler. Rassurez-vous, ce terme est loin d’être un simple mot à la mode pour désigner le recyclage, et il pourrait bien contenir certaines des idées-clés nécessaires pour nous aider à créer un avenir plus équitable et plus résilient sur le plan environnemental.

A QUOI FAIT REFERENCE L’ECONOMIE CIRCULAIRE?

Globalement, une « économie circulaire » désigne un changement fondamental dans la manière dont nous utilisons les ressources de notre planète pour fabriquer des choses et générer de la valeur dans notre économie. Les activités économiques conventionnelles « génératrices de valeur » comprennent l’extraction des ressources de la terre, la fabrication de biens physiques et la fourniture de services.

Le point de départ d’une économie circulaire est l’acceptation du fait que l’existence de matériaux et les ressources sont limités sur notre planète et que leur extraction, leur utilisation et leur élimination ont un coût environnemental. La partie « circulaire » vient de la reconnaissance du fait que les activités de notre économie doivent refléter les flux et les processus cycliques du monde naturel. Ces flux naturels, du cycle du carbone au cycle de l’azote, sont des systèmes régénératifs en « boucle fermée » qui garantissent que les précieux éléments constitutifs de notre monde vivant sont recyclés encore et encore.

Ainsi, en s’efforçant de mettre en place un modèle de « boucle fermée », une économie circulaire exige que nous réduisions au minimum les déchets, la dégradation, la pollution et les coûts environnementaux (et économiques) importants liés à l’élimination des précieux matériaux finis. Il est essentiel de trouver des moyens technologiques, sociaux et politiques de transformer ce qui est aujourd’hui considéré comme un « flux de déchets » en intrants pour les futures activités de production. Ce faisant, nous tirons le meilleur parti possible des ressources qui existent déjà dans notre économie et veillons à ce que les ressources nouvellement obtenues suivent une trajectoire cyclique avec une utilisation maximale et un gaspillage minimal.

QUELLE ES LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET L’ÉCONOMIE ACTUELLE?

Prenez – Utilisez – Jetez !

Si vous réfléchissez au cycle de vie typique d’un produit, vous pouvez voir comment fonctionne l’économie d’aujourd’hui. Un téléphone neuf acheté pour Noël peut être utilisé pendant une poignée d’années (2,5 ans en moyenne) et peut même avoir plusieurs propriétaires s’il est chanceux (137 millions de téléphones étaient des téléphones d’occasion remis à neuf en 2020) ; pourtant, dans les 3 ans à venir, il est probable que ce téléphone sera jeté et remplacé par un modèle plus récent. Par conséquent, très peu de métaux précieux, de polymères et d’autres matériaux complexes utilisés dans la fabrication du téléphone peuvent être récupérés ou réutilisés.

De plus, l’économie mondiale actuelle est fortement dépendante des combustibles fossiles, anciens réservoirs d’énergie à base de carbone qui sont extraits et utilisés une seule fois, avec des conséquences qui ont un impact coûteux pour la composition de notre atmosphère. En observant ce système, on constate que les matériaux et les ressources passent de l’extraction → production → consommation → déchets. C’est le système linéaire de l’économie mondiale actuelle, il est choquant de constater qu’il y a un gaspillage et une façon fondamentalement non durable de concevoir notre société, tant du point de vue de l’environnement que de la création de valeur.

COMMENT POUVONS-NOUS PASSER D’UNE ÉCONOMIE LINÉAIRE À UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE? COMMENT POUVONS-NOUS “BOUCLER LA BOUCLE”

L’expression “boucler la boucle” ressemble un peu au récent mantra « aplatir la courbe », mais au-delà des défis immédiats que nous devons relever avec la pandémie, “boucler la boucle” devrait être notre priorité absolue si nous voulons préserver notre environnement et notre prospérité futurs. Le défi consistant à rendre les processus linéaires circulaires peut sembler intimidant, mais il existe de nombreuses étapes et points de focalisation qui sont déjà en plein essor en divers endroits du monde. Examinons quelques-unes de ces étapes…

La transition vers les énergies renouvelables : Pour la plupart d’entre vous, il n’est peut-être pas surprenant que la première grande composante soit la transition de nos systèmes énergétiques. De toute évidence, il est vital pour nous de nous éloigner de la dépendance aux combustibles fossiles, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain ou sans un effort déterminé de la part de tous ceux qui ont une voix, un vote et un portefeuille. Soutenons et encourageons le cheminement vers les énergies renouvelables que de nombreuses communautés et de nombreux pays, dont la France, ont entamé sous une forme ou une autre. Cela garantira que l’énergie que nous utilisons fasse partie d’un système de régénération construit pour durer.

Systèmes alimentaires régénérateurs : Comme beaucoup de nos lecteurs le savent, la majorité des pratiques agricoles de masse d’aujourd’hui ne sont ni durables ni adaptées aux défis de demain. Non seulement la monoculture à forte rotation entraîne une dégradation à long terme des sols qui rendra de vastes étendues de terres arables non viables pour la production alimentaire dans les décennies à venir, mais jusqu’à 30 % des aliments sont jetés au cours de leur trajet de la ferme à l’assiette. On estime que cette quantité colossale de déchets alimentaires représente ¼ de l’utilisation commerciale de l’eau et 8 % des émissions totales de gaz à effet de serre. De nombreux agro-économistes innovants trouvent des moyens de promouvoir des systèmes plus efficaces et plus respectueux de l’environnement. Pour n’en citer que quelques-uns, il s’agit notamment des pratiques agricoles bio-diversifiées, de la permaculture et de l’analyse de la chaîne d’approvisionnement par apprentissage automatique (intelligence artificielle) pour réduire au minimum le gaspillage de nourriture. Le documentaire de l’émission ci-dessous donne de bons exemples et est magnifiquement tourné.

Rapporter et renouveler, changer les idées de propriété : Alors que nous sommes déjà tellement habitués aux modèles d’abonnement pour les produits numériques, comme Netflix et Spotify, la plateforme d’abonnement permet un énorme potentiel circulaire dans l’utilisation des biens physiques. Tout comme nous comptons sur nos magasins de location pour aider les gens à accéder aux montagnes avec du matériel de qualité sans le coût ou le fardeau de la pleine propriété, nous pouvons étendre cette notion d’abonnement à toute une série de biens et de services. Il s’agit de produits auxquels beaucoup d’entre nous veulent avoir accès mais dont ils n’ont pas besoin d’être propriétaires. En développant les services par abonnement, nous pouvons limiter les ressources qui sont immobilisées (parce qu’elles restent inutilisées ou viennent encombrer les décharges), accroître l’accessibilité et diminuer les coûts. Utilisée correctement, la technologie actuelle garantit le bon fonctionnement des systèmes d’abonnement. Il suffit de consulter des entreprises comme Grover, une entreprise d’abonnement spécialisée dans l’électronique grand public.

Remise à neuf, réparation et réutilisation : L’un des moyens les plus proactifs de « boucler la boucle » est de remettre à neuf et de réparer plutôt que de jeter. Comme nous l’avons évoqué dans notre article, la réutilisation des produits qui ont été réparés et remis à neuf est le moyen le plus efficace d’obtenir une certaine circularité dans des secteurs clés, des vêtements à l’électronique. En outre, apprendre et prendre le temps de réparer des produits au niveau communautaire non seulement réduit notre demande en nouvelles ressources, mais peut nous permettre de devenir plus autonomes et indépendants en développant des compétences pratiques importantes. Deux bons exemples de lieux qui illustrent ces idées sont les boutiques “Montagne Verte” et One Tree à Morzine et Bozel. Non seulement ils vendent des vêtements d’occasion qui, autrement, finiraient à la décharge ou au fond des armoires, mais ils sont aussi un lieu de réparation et de réadaptation des vêtements. En employant des couturières pour recouvrir les logos des entreprises, des emplois sont créés pour la population locale et un nouveau produit est créé à partir de ce qui autrement deviendrait des déchets.

Repenser l’économie de production : De la mise à jour de nos approches en matière de conception de produits à l’exploration de modèles commerciaux qui normalisent l’utilisation circulaire des matières premières, il y a beaucoup à faire dans le secteur de la manufacture pour aider à boucler la boucle. De nombreuses entreprises font d’énormes progrès dans ce domaine, des entreprises textiles sans déchets aux usines de machinerie lourde circulaires. Fondamentalement, il est important que les entreprises qui produisent des biens considèrent que l’utilisation circulaire des matériaux, des composants et des technologies permet une énorme augmentation de la valeur ajoutée.

Repenser la finance : Pour certains, il est facile d’être méprisant à l’égard du système financier mondial, mais des pratiques financières solides avec des priorités environnementales sont essentielles pour créer une économie circulaire. Le besoin de financement vert devient chaque jour plus évident. Et un tel système devrait garantir que le pouvoir de création de crédit soit axé sur la viabilité financière des projets et technologies coûteux d’une économie circulaire.

Amélioration du recyclage: Alors que le recyclage est rapidement devenu la nouvelle norme, le système de recyclage actuel est en difficulté. Malheureusement, une grande partie de notre recyclage finit par être exportée sans avoir été correctement traitée. La plupart de ce que nous recyclons finit par polluer des pays en développement comme l’Indonésie et les Philippines. De plus en plus, des quantités stupéfiantes de ce « recyclage » sont renvoyées à l’expéditeur, et c’est particulièrement vrai pour les produits composites qui contiennent du plastique. Nous devons être plus ambitieux et exiger un système de recyclage très efficace qui tente de résoudre certains des problèmes-clés du recyclage aujourd’hui. Si le recyclage est essentiel à l’économie circulaire, il doit être considéré comme un filet de sécurité, la réduction et la réutilisation étant beaucoup plus durables que le recyclage, qui a toujours un coût environnemental.

Cette liste n’est qu’une première ébauche pour expliquer ce à quoi pourrait ressembler une économie circulaire. Afin d’aider à rendre certaines de ces idées plus faciles à comprendre, nous les examinerons de plus près dans les prochains billets de blog, en expliquant plus en détail les systèmes circulaires et en explorant des exemples – soyez patients.

Une chose est claire, le discours politique traditionnel suggère que nous pouvons avoir soit la prospérité soit un environnement préservé, et non les deux. Cependant, le modèle d’économie circulaire montre que la réalisation des deux est non seulement très possible, mais aussi une façon fondamentalement meilleure de gérer les affaires de ce monde qui protège l’avenir de chacun.

Author: Seb Zuninga

Traduction: Marie Verrey

24 janvier 2021

Durabilité et réparabilité

Noël approche à grands pas et, bien que cette année il s’annonce inhabituel à tous points de vue, beaucoup d’entre vous seront en train d’acheter des cadeaux pour vos proches et vos amis. Avec une conscience éco-responsable, cela peut être une tâche difficile (voir ici pourquoi nous vous conseillons you buy local). Bien sûr, il existe beaucoup d’options qui se vantent d’utiliser des matériaux écologiques, avec une conception durable et un processus de fabrication neutre en carbone. Néanmoins, il est évident que tout produit fabriqué représente un coût pour notre environnement.

Il n’y a aucun domaine de la consommation où cela n’est plus vrai que dans l’électronique Au niveau mondial, nous produisons 50 millions de tonnes de déchets électroniques par an, une quantité que notre planète ne peut tout simplement pas supporter. Compte tenu des conditions sociales difficiles liées à la pandémie actuelle, il est prévu une hausse sans précédent, ce Noël, de la demande d’appareils électroniques, les gens cherchant à se connecter à distance avec d’autres Cette augmentation de ventes entraînera bien sûr une avalanche d’appareils périmés et souvent jetés en 2021 Même si dans beaucoup de communautés, y inclus la nôtre, le recyclage de déchets électroniques est en expansion, c’est un processus très coûteux et seul un faible pourcentage des déchets est effectivement recyclé.

Tandis que le développement durable et la recyclabilité sont deux éléments importants en ce qui concerne de nouveaux produits, il est essentiel de prendre en considération la longévité et la réparabilité d’un produit si nous voulons ralentir les conséquences désastreuses pour l’environnement du consumérisme de masse. Les produits avec ces caractéristiques sont essentiels dans l’évolution vers un modèle économique plus durable qui nous permettra de vivre confortablement dans les limites naturelles de notre environnement. Néanmoins, des entreprises mondiales de produits de consommation comme Apple utilisant sciemment des stratégies pour réduire la durée de vie des produits de base afin d’augmenter les ventes futures, il semble que nous soyons confrontés à une rude bataille. Il s’agit de la lutte contre une stratégie de fabrication intentionnelle connue sous le nom de « l’obsolescence programmée ».

QU’EST-CE-QUE L’OBSOLESCENCE PROGRAMMEE?

L’obsolescence programmée peut être définie comme la manière dont les entreprises conçoivent et fabriquent délibérément un produit pour s’assurer qu’il se dégrade et cesse de fonctionner plus tôt qu’il ne le ferait autrement Cela a pour but d’augmenter le taux de remplacement d’un produit, la demande future pour les achats ultérieurs et, par conséquent, les bénéfices de l’entreprise. D’un point de vue environnemental, un taux de remplacement plus élevé entraîne à une demande plus accrue d’extraction de matières premières, une augmentation des émissions à la fabrication, au transport et aux déchets et une expansion plus grande de l’utilisation des sols, accompagnée d’une contamination de l’environnement.

Les entreprises, comme Apple, n’ont pas inventé l’obsolescence programmée – en fait, les origines de cette pratique remontent à la commercialisation de l’ampoule électrique En 1925, un accord international a été signé dans la ville voisine de Genève entre les fabricants d’ampoules à incandescence, entraînant la création d’un « cartel » international de fournisseurs sur le marché des ampoules électriques Malgré le fait que la technologie pour des ampoules à très longue durée de vie existait déjà à l’époque, les fabricants savaient que, pour maximiser les ventes, il fallait dégrader la durée de vie de leurs ampoules. Ils ont même créé des salles d’essai pour s’assurer que les membres de ce cartel produisaient tous des ampoules au même niveau de (dys)fonctionnement, afin de ne pas se faire concurrence. Pour témoigner du fait que même les filaments des ampoules à incandescence peuvent durer nettement plus longtemps que l’industrie suggère, une ampoule en particulier, connue sous le nom de l’Ampoule du Centenaire, se trouve dans une caserne de pompiers en Californie où elle continue à briller après 119 ans !

Ayant terminé avec notre brève leçon d’histoire, revenons vite à la situation actuelle, où il n’existe toujours pas de législation internationale généralisée pour lutter contre cette pratique. De plus, l’obsolescence programmée est arrivée en douce dans des formes plus discrètes et manipulatrices, y compris l’obsolescence esthétique, qui joue sur notre psyché de consommateur, et l’obsolescence par le biais de modifications de logiciels. Apple est experte dans ces deux stratégies : non seulement elle retient les avancées technologiques déjà acquises afin de vendre plus tard les modèles futurs, mais on sait aussi depuis longtemps qu’elle publie des mises à jour logicielles pour des appareils comme l’Iphone qui ralentissent intentionnellement la vitesse des anciens appareils au point de les rendre dysfonctionnels.

COMMENT REMEDIER A LA SITUATION?

La lutte contre l’obsolescence programmée se heurte à de nombreux défis, notamment le fait qu’il est extrêmement difficile de prouver devant un tribunal qu’une entreprise pratique sciemment l’obsolescence programmée Heureusement, cela n’a pas empêché les gens d’essayer. Ici en France le gouvernement a établi avec audace en 2015 un projet de loi pour criminaliser les fabricants qui utilisent cette technique. Deux ans plus tard, cette loi a été mise à l’épreuve avec des procès intentés à la fois contre Epson et Apple. Par conséquence, en janvier 2020 Apple a été condamné à une amende de 25 000 millions d’euros et, bien que cela ne représente l’équivalent de 3 heures de bénéfices pour ce géant de la technologie, ce cas historique a créé un précédent énorme. En effet, la dynamique créée par le résultat de cette affaire a amené à une résolution au sein de l’UE, rédigée par le député français, Pascal Durand. Cette résolution a été adoptée avec une forte majorité par le Parlement européen, ce qui démontre qu’il existe un appétit international pour une législation faisant barrage aux dangers de la surconsommation. Tandis que ces bonnes nouvelles arrivent dans une période de domination corporative et d’urgence climatique, il reste encore beaucoup à faire pour aider la lutte contre l’obsolescence programmée.

L’INDICE DE CONSOMMATION HOP ET LE DROIT À LA RÉPARATION

Étant donné que le marché concerne à la fois producteurs et consommateurs, il y a beaucoup à faire du côté des consommateurs. Une partie peut simplement être atteinte par une meilleure information. Actuellement ce n’est pas si facile d’avoir accès aux informations concernant la longévité et réparabilité d’un produit, puisqu’il n’existe pas de système d’évaluation standardisé Tout cela est sur le point de changer dans un avenir proche, et la France est encore une fois en tête de cette lutte avec l’indice de consommation « Halte à l’Obsolescence Programmée » (HOP). Cet indice exigera que certains produits affichent une note sur dix calculée selon plusieurs critères clés, dont :

  • la facilité de démontage
  • le prix et la disponibilité des pièces de rechange
  • l’accès aux informations sur les réparations
  • le contenu et les objectifs des mises à jour de logiciels

Non seulement ce système donnera aux consommateurs le pouvoir de choisir des produits de meilleure qualité et conçus pour durer, mais il stimulera aussi une saine concurrence entre les fabricants qui doivent désormais prendre en compte les facteurs de longévité et réparabilité dans leurs modèles économiques.

Prévu pour 2021, ce premier indice ne sera pas parfait et ne concernera dans un premier temps que certains appareils ménagers et électroniques. Toutefois c’est un début prometteur et qui amènera sans doute à des systèmes plus informatifs et plus rigoureux à l’avenir. Ces informations auront sans aucun doute un impact énorme sur notre façon de faire des choix en tant que consommateurs.

La campagne pour « le droit à la réparation » (right-to-repair) a été en grande partie le moteur derrière cet indice, et celle-ci continue à gagner du terrain à travers le globe. Les partisans de ce mouvement sont très attachés à notre droit inhérent, en tant que consommateurs, de pouvoir réparer un produit quand cela est nécessaire. Cela signifie des produits bien conçus qui permettent un démontage facile et un accès équitable et abordable aux ressources de réparation, y compris les pièces de rechange, les manuels d’information et l’assistance communautaire à la réparation.

Avec la croissance de “café-bricolages”, d’autres espaces de réparation communautaires et d’un vaste mouvement politique, il est évident que les gens se passionnent pour ce sujet. Cela a même attiré l’attention de certaines entreprises, avec des grandes marques de sports en plein air comme Patagonia faisant la promotion et facilitant les réparations de leurs produits.

Pour ceux d’entre nous qui ont la chance de vivre en montagne, ces questions revêtent une importance encore plus grande Lorsque vous dépendez de votre matériel pour aller en montagne et rentrer chez vous à la fin de la journée en tout sécurité, il est crucial que cet équipement fonctionne bien, qu’il soit durable et qu’il puisse être réparé le moment venu. Quand les choses se cassent, il ne devrait pas être nécessaire de descendre dans la vallée ou de les envoyer plus loin par courrier pour un diagnostic ou une réparation Nos communautés de montagne, petites mais pleines de ressources, sont des endroits parfaits pour promouvoir une consommation réfléchie de produits de qualité et pour échanger les compétences et le savoir-faire indispensables pour les entretenir et réparer lorsque, inévitablement, ils commencent à fatiguer.

Ces changements importants dans la façon de penser et de mettre en pratique nos attentes et pratiques en tant que consommateurs sont non seulement d’une importance primordiale pour l’avenir de l’environnement, mais ils doivent aussi résonner avec certaines caractéristiques inculquées en nous par les mêmes montagnes dans lesquelles nous vivons : la résilience, l’inventivité et le respect.


Vous voulez en savoir plus?
https://www.halteobsolescence.org/

Pour soutenir le mouvement du droit à la réparation (right-to-repair) :
https://repair.eu/

Auteur: Seb Zuniga

18 août 2020

Pourquoi devons-nous acheter local

À Morzine, Les Gets et dans la Vallée d’Aulps, le confinement a donné au mouvement « acheter local » (locavorisme) un gros coup de pouce, lorsque l’accès aux supermarchés et autres magasins était limité et que l’opportunité d’acheter des produits directement au producteur a aidé à répondre aux besoins des habitants locaux. Malheureusement, maintenant que la région est libérée de ces restrictions, beaucoup de clients sont retournés à leurs anciennes habitudes, laissant les producteurs locaux avec une décevante diminution de leurs ventes. A

Pourquoi est-ce important? Ne pourrions-nous pas juste retourner au bon vieux temps de l’achat facile, dans de grands magasins avec de longues heures d’ouverture, et en ligne où tout est disponible en un clic ?

En fait, c’est très important.

L’étude récente menée par la CCHC pour évaluer l’impact de la pandémie de covid-19 sur l’activité des entreprises a démontré qu’environs 20% des commerces seulement s’attendaient à revenir à leur activité habituelle cet été, et qu’1 chef d’entreprise sur 3 n’a pas une idée claire de quand ils seront entièrement remis de cette crise Les secteurs les plus touchés sont le tourisme, en particulier l’hôtellerie et la restauration, mais aussi les services personnels comme les loisirs, l’éducation, la beauté et le bien-être

Vous pouvez lire le rapport: https://www.agenceecochablais.com/2014-04-16-06-30-16/l- observatoire-economique/11-s-informer-sur-l-economie/291-covid-19-synthese.html

Le futur des petites entreprises et de la vitalité communautaire n’a jamais été autant menacé qu’en ce moment, et il n’a jamais été aussi important de faire notre possible pour soutenir et énergiser l’économie locale.

La CCHC a récemment lancé une campagne pour continuer à encourager l’achat de services et de produits locaux directement aux producteurs. Mais acheter local n’est pas juste important pour les producteurs qui ont vu une réduction dans leurs revenus – cela a une répercussion sur chaque personne vivant dans la région. Il est crucial de comprendre à quel point cela est fondamental pour reconstruire les fortunes de l’économie locale.

L’effet multiplicateur local peut avoir un grand rôle à jouer dans la reconstruction de ces fortunes – c’est la quantité d’activité économique locale qui est généré par l’achat de n’importe quel article. Le principe de l’économie des communautés montre que plus un euro circule dans une région définie, et au plus vite il circule, plus il crée du revenu, de la richesse et des emplois.

Donc même si un produit provenant d’une source locale est un peu plus cher car il n’est pas produit en masse, faire l’effort de dépenser un peu plus d’argent est un investissement pour aider la communauté à prospérer.

L’HISTOIRE DES DEUX FROMAGES…

Il était une fois deux morceaux de fromage, l’un produit à Morzine et l’autre produit en Hollande. Ces deux morceaux de fromages furent livrés dans un magasin alimentaire et achetés par des clients pour 5€ pièce. Les euros du fromage Morzinois furent utilisés par le magasin pour payer le fermier Morzinois, qui a payé ses employés, qui ont ensuite acheté une pinte de bière localement brassée dans un bar Morzinois, et le bar a payé la brasserie qui a ensuite engagé un constructeur local pour agrandir ses locaux, puisque les affaires étaient bonnes. Le constructeur adorait le fromage, et particulièrement le fromage local, et retourna dans le même magasin alimentaire et acheta du fromage Morzinois. Le cycle se répète et crée ensuite un effet domino à travers l’économie locale.

Les euros du fromage Hollandais furent utilisés par le magasin pour payer le distributeur, qui a payé l’importateur, qui a payé le grossiste, qui lui-même a payé le fermier Le long de la première chaîne d’approvisionnement, les euros du fromage produit par la ferme locale de Morzine recircule et se multiplie exponentiellement à travers l’économie locale. À l’inverse, une partie des euros du fromage Hollandais quitte Morzine quand le distributeur impliqué dans l’importation du fromage depuis la Hollande est payé. L’entreprise de ce distributeur appartient peut-être à des actionnaires venant de partout dans le monde, et cette partie des euros va alors dans les marchés financiers internationaux. À ce moment-là, Morzine perd toutes les chances qu’elle avait de faire grandir son économie locale grâce à l’argent de ce fromage.

En plus de choisir des produits locaux, il est tout aussi important de choisir où les acheter.

Par exemple, quand un produit est acheté dans un magasin qui appartient et est géré par un habitant local, une plus grande proportion de l’argent dépensé va directement dans la poche de quelqu’un qui vit dans la communauté, et ceci lui permet d’avoir plus d’argent à dépenser dans d’autres biens et services locaux.

Si un produit est acheté dans un magasin local qui fait partie d’une chaîne internationale, cette dépense soutient toujours un commerce qui emploie des habitants locaux et contribue donc à l’économie locale, mais à un niveau plus petit puisqu’une partie des profits quitte la région.

Quand un produit qui pourrait être acheté localement (parfois même en seconde main) est acheté chez un vendeur en ligne, une opportunité d’investir et de soutenir la communauté locale est manquée.

Le shopping en ligne est une habitude facile à adopter tellement il est souvent moins cher et plus pratique de juste cliquer sur un bouton et faire un achat en ligne. Néanmoins, ce comportement est nuisible aux entreprises locales et limite les opportunités de travail qu’elle fournissent. Les communautés fructueuses et prospères ont tendance à être celles avec le plus haut pourcentage d’emplois dans des entreprises appartenant à des habitants locaux car cela maximise l’autonomie de la région.

En soutenant les entreprises locales, le même argent sera à nouveau dépensé, et probablement même encore par la suite À chaque fois, cela profite à un habitant local, ce qui soutient une entreprise ou un emploi. C’est ce que l’on appelle « l’effet multiplicateur local » et une valeur lui a été attribuée. Elle varie en fonction de l’endroit, mais généralement elle est de 1,4 à 2 fois la valeur de la dépense initiale.

Michael Schuman, un visionnaire reconnu dans l’économie des communautés, a conduit une étude qui a démontré que si la ville de Detroit faisait basculer 20% de ses dépenses alimentaires vers des sources locales, 4700 emplois seraient créés et la ville recevrait presque 20 millions de dollars de plus par an en impôts sur les sociétés. Ceci est juste un exemple de l’impact que de petits changements dans les habitudes d’achat des consommateurs peut avoir sur la richesse locale.

En termes locaux, si chaque habitant de Morzine, Les Gets & la vallée d’Aulps redirigeait 10 euros de leurs dépenses hebdomadaires vers des commerces locaux, au lieu de les dépenser en ligne ou hors de la région, même avec une estimation prudente, cela générerait 3,65 millions d’euros de nouveaux revenus dans l’économie locale en à peine 1 an. *

Il est aussi important de laisser les euros circuler au sein de l’économie locale pour des raisons environnementales. La société moderne est fortement dépendante des énergies fossiles pour à la fois produire et transporter la nourriture, particulièrement quand les consommateurs sont habitués à avoir des produits hors saison durant toute l’année. Lorsque l’on achète des aliments locaux et de saison, moins de ressources sont utilisées pour leur production, stockage et transport et la nourriture est plus fraîche quand elle arrive sur notre assiette – donc finalement le goût est meilleur aussi ! La même chose est vraie en ce qui concerne l’achat de produits et services non-alimentaires, la chaîne d’approvisionnement est raccourcie et cela réduit donc l’empreinte carbone de leurs besoins en termes de transport.

Il est facile de se sentir impuissant lorsque nous sommes en train de faire face aux répercussions d’une pandémie mondiale, et pourtant les petits choix faits par des individus au quotidien peuvent avoir un énorme impact cumulatif sur la croissance de l’économie locale. Choisir d’investir dans le merveilleux éventail de biens et services disponibles localement donnera la meilleure chance de reconstruire ce qui a été perdu et de travailler vers un futur plus vert et plus prospère.

Agissez, achetez local.

*Notre calcul pour ce nombre est le suivant : c. 5000 habitants à Morzine, Avoriaz, Les Gets, Essert Romand, la Côte d’Arbroz, St Jean d’Aulps, Le Biot, Seytroux & La Baume. 5000 habitants qui dépensent 10€/semaine = 50 000€/semaine 50 000€ multipliés par 1.4 (la plus petite valeur de l’effet multiplicateur local) multipliés par 52 semaines, pour en arriver à une valeur annuelle de 3 650 000€ Si le calcul avait été fait avec la plus grande valeur de l’effet multiplicateur local, 2, la valeur annuelle serait de 5 200 000€ !

Auteur: Kathryn Judge

Graphics: Tasha Romano