3 juin 2022

5 petits pas vers une cuisine sans plastique

Nous savons tous maintenant que notre planète est noyée sous le plastique. Et oui, le simple fait de penser à la quantité de plastique qui nous entoure dans notre vie quotidienne suffit à nous rendre « éco-anxieux  » (pour en savoir plus, cliquez ici). Bien que le problème puisse parfois sembler insurmontable, nous avons tous la possibilité de faire de petits changements, faciles à gérer, dans notre vie quotidienne pour aider, même si ce n’est qu’à petite échelle.

Nos cuisines, en particulier, semblent être un terrain fertile pour les articles en plastique. Bien que cela ne soit en grande partie pas la faute de l’individu. Selon la fondation Henrich Boll, les emballages représentent 45% de la consommation de plastique en France. Une loi bienvenue a été introduite au début de l’année : plus de 30 fruits et légumes ne peuvent plus être vendus sous plastique. Il y a des changements simples que nous pouvons faire nous aussi (si ce n’est déjà fait, bien sûr).

Pour citer Nathaniel Branden, connu pour ses travaux sur la psychologie de l’estime de soi: « Le premier pas vers le changement est la prise de conscience. Le deuxième pas est l’acceptation. »

Ainsi, le simple fait de savoir que le changement est nécessaire permet déjà d’amorcer le processus. Voilà, ce n’était pas trop difficile, n’est-ce pas ? Jetons un coup d’œil à quelques autres petits pas que nous pouvons faire pour rendre nos cuisines sans plastique.

Attention les Tupperware : vos jours de rayures, de taches et parfois d’odeurs sont comptés. Une première mesure très simple, et gratuite, consiste à changer la façon dont vous conservez vos restes. Cela ne veut pas dire que vous devez jeter tous les Tupperware parfaitement utilisables. Bien sûr, continuez à les utiliser. L’essentiel est de ne pas acheter de nouveau plastique pour votre cuisine. Ainsi, lorsque vous chercherez des solutions de stockage des aliments, tournez-vous vers les bocaux alimentaires qui, par ailleurs, sont fournis gratuitement avec les aliments que vous achetez à l’intérieur ! Ils sont faciles à nettoyer, il est facile de voir ce qu’ils contiennent et ils ont des couvercles très efficaces qui ne risquent pas de se détacher pendant vos déplacements. Ainsi, votre pot de sauce pour des pâtes peut rapidement devenir votre pot de salade de pâtes à emporter au travail. Bonus : aucune chance que la sauce tomate foncée ne tache le pot en verre. Doublement gagnant !

Le mal qu’est le film alimentaire ! Si seulement Ralph Wiley ne l’avait pas accidentellement créé en 1933 en essayant de créer un spray pour protéger les avions militaires des embruns salés, hein ? Oui, c’est une histoire vraie. En fait, il ne cherchait pas à créer un film terriblement inutile pour protéger la nourriture, alors ne reprochez rien au vieux Wiley ! Mais hélas, depuis, c’est un produit de base de la cuisine. Mais il est temps de changer, et il existe au moins trois options faciles à mettre en œuvre. Bien qu’elle ne soit pas idéale en termes d’utilisation des ressources, notre première option, similaire en termes de forme et d’utilisation, est le papier d’aluminium. Contrairement au film alimentaire, il est largement recyclé et plus facile à réutiliser. Notre deuxième option est la plus ancienne qui existe ! L’histoire de l’épilation des tissus pour diverses utilisations remonte aux Égyptiens. La cire d’abeille a été utilisée pour la première fois pour enduire les tissus et aider à protéger les aliments, ironiquement, à peu près à la même époque que l’invention du film alimentaire ! Près d’un siècle plus tard, les emballages en cire d’abeille ont pris d’assaut Instagram. Vous pouvez les fabriquer vous-même ou acheter l’un des innombrables modèles (et alternatives végétaliennes) disponibles en ligne. Et notre troisième option, ce sont les couvercles réutilisables en silicone extensible. Contrairement au film alimentaire, il ne s’agit pas d’une solution unique, mais ils s’étirent beaucoup et investir dans quelques tailles différentes devrait couvrir tous vos besoins de couverture.

Réveillez-vous et prenez un bon café. Ou le thé, si vous préférez. Il ne fait aucun doute que la façon dont nous consommons le thé et le café, ainsi que leur publicité, a beaucoup évolué ces dernières années. Pour beaucoup, l’époque de la cuillère à café de café instantané dans une tasse est révolue. De nombreux foyers sont désormais équipés de machines à café à capsules (un certain M. Clooney a sans doute beaucoup à se reprocher à cet égard) pour produire toutes sortes d’aliments, des ristrettos aux maigres frappuccinos au caramel. Malheureusement, un grand nombre de ces capsules ne peuvent pas être recyclées. Il en va de même pour les sachets de thé individuels qui (et cela m’étonne) sont encore parfois livrés dans des étuis en plastique emballés individuellement, avant d’être emballés dans une boîte en carton puis, si vous êtes très malchanceux, dans un autre emballage en cellophane ! ***lien pour une lettre de réclamation à une entreprise concernant son emballage*** Bien que le plastique soit visible, certains sachets de thé peuvent également contenir des micro-plastiques invisibles. Une solution de remplacement facile consiste à investir dans une infuseur de thé en acier inoxydable (et donc bon pour la vie). Il suffit de le remplir de feuilles de thé, de le plonger dans votre porcelaine préférée et le tour est joué, une tasse de thé sans plastique ! Il en va de même pour le café. Au lieu de capsules en plastique et d’une machine encombrante qui prend un espace de travail précieux, que diriez-vous d’une simple presse française ou d’un pot Moka italien et d’un café issu du commerce équitable acheté dans votre café local ?

Comment ça fait du bien de se détendre le week-end. Pas de cravates raides qui vous titillent le cou, pas de soutien-gorge pigeonnant qui vous irritent la cage thoracique ? Eh bien, ayez une petite pensée pour les fruits et légumes. Peut-être n’aiment-ils pas non plus se sentir étouffés ? Au lieu d’acheter des fruits et légumes qui sont inutilement emballés dans du plastique (surtout quand la nature a si gentiment fourni des enveloppes naturelles dans de nombreux cas), achetez des produits en vrac et apportez vos propres sacs réutilisables pour les transporter, ou soutenez votre communauté locale en faisant vos courses au marché fermier local et en achetant tout en vrac. D’ailleurs, il en va de même pour le fromage et le pain : le marché hebdomadaire local de Morzine vend du fromage emballé dans du papier et du pain totalement nu ou dans des sacs en papier brun ! Si vous voulez être à la pointe de la mode, vous pouvez même y faire vos courses avec votre propre panier en osier (pourquoi ne pas le tresser vous-même ?!), une expérience d’achat totalement exempte de plastique et extrêmement « Instagramable » ! Pour gagner des points supplémentaires, tenez compte de l’empreinte carbone des produits que vous achetez et essayez d’acheter des produits de saison (les avantages étant qu’ils sont moins chers à cette période de l’année et que vous pouvez manger une grande variété de plats tout au long de l’année). Vous pouvez voir d’autres options d’emballage sur nos pages vertes ici.

À qui revient la tâche de faire la vaisselle ? Quelle question, non ! Fait amusant : saviez-vous que les lave-vaisselle utilisent en fait moins d’eau que la vaisselle à la main ? Que vous fassiez la vaisselle à la main avec du liquide vaisselle ou que vous utilisiez des tablettes pour lave-vaisselle, des changements faciles peuvent être apportés. Comme dans le cas des sachets de thé, les tablettes pour lave-vaisselle sont souvent emballées individuellement dans du plastique à usage unique. Évitez cela en choisissant des marques qui n’utilisent pas de plastique inutile. De même pour le liquide vaisselle, pourquoi ne pas acheter en vrac et le remplir dans un élégant distributeur en verre, réduisant ainsi considérablement le nombre de bouteilles (ou de fusées comme certains publicitaires voudraient que nous les considérions) que vous utilisez ? Consultez nos pages vertes ici pour plus d’informations sur les produits de nettoyage écologiques.

Allez-y doucement avec ces petits pas et qui sait, vous aurez peut-être envie de faire des pas encore plus grands dans un avenir pas trop lointain.

Auteur: Ⓒ Tiny Travel Rebel

30 mai 2022

Faire du vélo pour réduire son empreinte carbone

Le secteur des transports est en France le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre avec 31% des émissions. Afin de s’aligner avec des objectifs climatiques tenables, il est impératif de réduire drastiquement nos émissions.

Le GIEC indique « à l’échelle individuelle, remplacer la voiture par la marche et le vélo est la mesure qui a le plus grand potentiel pour réduire notre empreinte carbone. » Le vélo fait en effet « partie intégrante d’un développement résilient face au changement climatique« .

Qui mieux que ces experts pour détailler l’importance du vélo comme atout majeur pour amorcer la transition écologique. Découvrez la présentation non officielle du Vélo dans le 6ème rapport du GIEC partagée par Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe n°1.

Même l’AIE Agence Internationale de l’Énergie conseille de faire de courts trajets à vélo au lieu de conduire, dans son dernier rapport : Comment faire des économies, réduire la dépendance à l’égard de l’énergie russe, soutenir l’Ukraine et aider la planète ?

Vous pouvez utiliser ce comparateur de transport de l’ADEME pour comparer les émissions de gaz à effet de serre, exemple ci-dessous avec un trajet Morzine-Montriond

Comparateur d’émissions de gaz à effet de serre

Le vélo permet de façon évidente de réduire les émissions et de lutter contre le changement climatique. Mais de nombreux co-bénéfices peuvent y être associés : En premier lieu la qualité de l’air et la nuisance sonore.

L’atout santé du vélo n’est également plus à prouver : le vélo est un des meilleurs remèdes contre la sédentarité et permet d’entretenir une activité physique régulière avec des bénéfices pour la santé physique et mentale.

Autre avantage, économique, le vélo est un moyen de transport bon marché et accessible à tous. Les frais d’entretien sont bien inférieurs et face à la hausse des prix des carburants, le vélo devient une alternative incontournable.

Le vélo est également une filière créatrice d’emplois dans les territoires. Selon l’ADEME, l’industrie du vélo pourrait créer au moins 150 000 emplois en 10 ans, soit un chiffre équivalent à celui des emplois de l’industrie automobile en 2020.

Un report modal vers le vélo présente aussi des bénéfices non négligeables dans l’aménagement du territoire en réduisant le nombre de voitures et en limitant l’artificialisation des sols.

Brent Toderian via Bonpote
Vélo et Tourisme

Comme le montre le positionnement touristique sur le vélo de la région Auvergne Rhone-Alpes et le dossier de veille sur la « vélomania » le cyclotourisme ou tourisme à vélo est en pleine expansion. La plateforme France Vélo Tourisme confirme cette croissance avec l’augmentation des offres accueil vélo, des itinéraires cyclables.

Le dossier d’Auvergne Rhône-Alpes tourisme sur le positionnement du vélo le confirme « les vacances à vélo sont plus qu’un simple phénomène post-confinement. Elles s’inscrivent dans un changement plus durable des comportements touristiques. » A l’heure actuelle, en France, le tourisme à vélo génère plus de 5 milliards d’euros par an. Un chiffre qui a progressé de 46% en une décennie.  

Cette vision de tourisme durable, de proximité ou slow tourisme est un vrai atout pour des régions touristiques. Nos territoires ont tout intérêt à suivre cette belle dynamique touristique.

Usage du vélo en forte augmentation

Le vélo en général est un marché en pleine expansion, en France en 2021 on a d’ailleurs acheté plus de vélos que de voitures (observatoire du cycle). L’usage du vélo est en hausse, même en milieu rural avec une fréquentation qui progresse de 15 % par rapport à 2019 selon Vélo & Territoires.

Pour autant en France, selon l’ADEME, la part modale du vélo est très faible (2,7 % de l’ensemble des déplacements) ce qui positionne la France seulement 25e dans l’Union européenne où la part modale moyenne dépasse 7 %.

La moitié des déplacements de moins de 1 km sont effectués en voiture.  Pour les déplacements de plus de 5 km, la voiture occupe déjà plus de 72 % des déplacements. 

Obstacles au développement du vélo

De nombreux freins se posent et limitent l’usage du vélo : l’habitude et la facilité de la voiture, des infrastructures et des aménagements de territoires pensés uniquement pour développer l’usage de la voiture, le manque d’infrastructures cyclables, des habitudes culturelles… nos modes de vie sont aujourd’hui entièrement dédiés à la voiture.

Sans oublier le lobbying de l’industrie automobile qui souhaite préserver le statut quo. Olivier Schneider, président de la FUB explique notamment « le budget communication de l’industrie automobile en France c’est 4.7 milliards d’euro par an alors que la totalité du marché du vélo (de tous les vélos neufs), c’est à peine 3 milliards d’euro. L’industrie automobile dépense plus en publicité que la totalité de la valeur du marché du vélo ».

Tout le monde ne pourra pas faire du vélo, et il ne pourra pas être utilisé pour tous les trajets mais de nombreuses idées reçues peuvent être levées. Stein Van Oosteren, alias « Monsieur Vélo » (auteur de Pourquoi pas le vélo, envie d’une France cyclable) insiste « ce ne sont pas des raisons mais des excuses ».

Tout d’abord, les Français n’y sont pas opposés : Dans une étude de l’ADEME, 83% des français sont favorables à la mise en place de services et aménagements pour favoriser la circulation à vélo. 

Pour les trajets avec des charges, de la distance, du dénivelé… de nombreuses alternatives existent avec des vélos à assistance électrique, vélo cargos et autres triporteurs. De nombreux artisans se déplacent aujourd’hui à vélo, découvrez l’annuaire de l’association Les Boîtes à Vélo qui soutient l’entreprenariat à vélo en France.

Laissons-nous inspirer par nos voisins… Au Pays-Bas, les personnes de plus de 65 ans sont la tranche d’âge qui utilisent le plus le vélo. En Finlande, les écoliers prennent leur vélo même sur la neige en plein hiver par moins 10 degrés… Camille Robson a réussi son pari d’utiliser son vélo dans notre vallée tous les jours pendant une année complète! Alors nous n’avons plus d’excuses!

Selon une étude de la FUB Parlons Vélo, les 2 principaux freins à la pratique du vélo sont le sentiment d’insécurité à vélo et le manque d’aménagements cyclables. Il est donc urgent de développer des vraies politiques de mobilité et d’infrastructures cyclables, comme expliqué dans cet article très complet de Bon Pote sur Construire une France Cyclable, qui rappelle notamment une évolution récente en faveur du vélo. Comme en Ile et Vilaine où des grands projets routiers sont abandonnés afin de pouvoir investir dans un grand plan vélo. Le président du conseil départemental explique: « Notre priorité doit être celle de la lutte contre le réchauffement climatique ».

Dans les territoires ruraux et de montagne

Dans les territoires ruraux où les distances sont importantes, le vélo ne peut être le seul moyen de déplacement. Il n’est pas possible de transposer les mêmes solutions qu’en ville. Cependant de nombreux déplacements restent envisageables et il est important d’amorcer une réflexion et de s’organiser pour permettre de se déplacer davantage à vélo.

Les co-bénéfices comme la qualité de l’air, la réduction de la pollution sonore, ou limiter les embouteillages sont tout aussi importants dans nos vallées, d’autant plus en période de forte influence.

Mais le manque d’aménagement, de réseau cyclable, de structures n’incitent pas à une pratique au quotidien. Aux Pays-Bas toujours, même dans des villages de 1300 habitants, l’usage du vélo est quotidien.

En milieu rural, 40% des déplacements font moins de 5km, et de nombreux trajets courts sont effectués (comme aller chercher du pain). Il ne faut finalement pas raisonner en déplacements qui ne se font pas à vélo mais penser à tous ceux qui peuvent se faire à vélo.

Dans les stations de montagne, la mobilité est de loin le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre et revoir ses déplacements au quotidien est un levier majeur pour baisser nos émissions. Et il est important de souligner la pluralité des bénéfices, pour les habitants, pour l’environnement et pour les visiteurs et touristes.

Dans les Alpes Suisses en Valais, vous pouvez réserver une place pour votre vélo dans les transports régionaux avec resabike. Pro Vélo Valais donne quelques clés pour se déplacer à vélo dans une région de montagne.

Au cœur des Alpes, en Oisans, le vélo est devenu un véritable enjeu pour le développement économique du territoire, structuré dans le Cycling Lab Oisans: « La volonté de la Communauté de Communes est de faire du cycle un axe leader du développement du territoire par le maintien d’activités, le renforcement de la notoriété et la diversification des usages du vélo. »

Alors comment agir ? Tous à vélo ?

Grâce à la FUB Fédération des Usagers de la Bicyclette et avec l’association Mobilité Douce Chablais, Montagne Verte a organisé une soirée ciné-débat autour du documentaire Together We Cycle. Ce film qui explique comment les citoyens néerlandais se sont mobilisés et se sont emparés de ce sujet et ont réussi à développer en quelques décennies une véritable culture du vélo. Engagement citoyen inspirant pour faire aussi de nos territoires de vraies ‘terres de vélo’.

Salariés, commencez le « vélotaf » et essayez de convaincre votre employeur de s’engager dans une démarche pro-vélo. Vous pouvez également bénéficier d’un forfait mobilité durable et vous renseignez sur les aides à l’achat d’un vélo (vélo cargo, prime à la conversion..)

Entreprises, vous pouvez vous inscrire au programme Objectif Employeur Pro-Vélo qui peut vous accompagner dans le développement de l’usage du vélo dans le cadre des déplacements domicile-travail et professionnels.

Pour les communes ou communautés de communes, un schéma directeur cyclable peut être à l’origine d’une réflexion globale sur les déplacements, et peut être inscrits dans des documents réglementaires type PLU. Un budget doit ensuite être mobilisé pour mettre en œuvre ce schéma. Des campagnes qui motivent le changement, des encouragements pour du vélo quotidien doivent être associées. Sans oublier que des aménagements temporaires sont souvent possibles : balise d’alignement, séparateur modulaire…

Et de nombreux partenaires peuvent être mobilisés :

  • ADEME (appels à projets nationaux)
  • ADMA Académie des Mobilités Actives qui ‘vise à doter la France d’une réelle expertise en matière d’intégration des sujets vélos et piétons dans l’ensemble des politiques publiques et privées.’
  • ALVEOLE PLUS: programme de financement de stationnement vélo sécurisé
  • Cabinet conseil expert en mobilité comme BL Evolution
  • CEREMA (aide à la mise en œuvre de politiques et services de mobilités efficaces)
  • Département et région (financements de compteurs, évaluation d’ensemble)
  • État (Fonds mobilités actives et DSIL) et Europe (Interreg, FEDER…)
  • FRANCE MOBILITES : plateforme du ministère de la transition écologique pour améliorer les transports du quotidien dans tous les territoires
  • FUB Fédération des Usagers de la Bicyclette pour promouvoir le vélo au quotidien
  • GENERATION VELO : soutien le déploiement du Savoir Rouler à Vélo auprès des collectivités
  • VELO & TERRITOIRES: Réseau National pour développer l’usage du vélo dans tous les territoires, notamment des financements pour des politiques cyclables

Mais surtout, le changement climatique et la crise environnementale n’attendent pas, nous devons agir dès maintenant. Chaque action compte. Alors roulons et comme le démontre le schéma ci-dessous, plus y’a de vélo, plus y’a de vélo !

source bonpote

27 janvier 2022

TRAIN VS AVION: ÉMISSIONS DE CO2

TRAIN VS AVION: ÉMISSIONS DE CO2 ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le dérèglement climatique sera et représente même déjà un des plus grands défis de l’humanité. L’augmentation des gaz à effet de serre (dont le CO2 ) émis notamment suite aux activités humaines, réchauffe la terre et entraîne un dérèglement climatique.

La crise climatique est déjà bien réelle (fonte de glace, inondations, montée des eaux, perte de la biodiversité, sécheresse, réfugiés climatiques, canicules, incendies, famines climatiques…). Les Alpes se réchauffent aussi à un rythme presque deux fois plus rapide que le reste de la planète et le changement est certes moins dramatique qu’ailleurs dans le monde mais déjà bien visible (fonte des glaciers, réduction de la durée de l’enneigement, réchauffement, fonte du permafrost…)

Pour limiter les effets du changement climatique, il est crucial de s’attaquer aux causes en réduisant les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) et notamment le CO2. Et afin de savoir comment agir pour les réduire, il est important de comprendre d’où elles proviennent, c’est pourquoi sont réalisés des empreintes carbones, des bilans carbones…

TRANSPORT : ENJEU MAJEUR DU TOURISME ET DES STATIONS DE SKI

Ces études démontrent par exemple qu’en France, le transport représente 30% des émissions de gaz à effet de serre soit la première source d’émissions devant les bâtiments, l’agriculture et l’industrie.

Pour le secteur du tourisme, le chiffre est encore plus important. Dans le dernier bilan des émissions de GES du secteur tourisme en 2021, les émissions proviennent à 77% de la mobilité des touristes. (et le transport aérien représente 40% du total) Selon un bilan carbone de plusieurs stations de ski, réalisé par l’ANMSM, la majorité des émissions constatée en stations est aussi issue des transports de personnes (57%).

Tout prouve qu’agir sur la mobilité doit être une priorité. Changer de mode de transport est aujourd’hui incontournable pour limiter nos émissions.

source : ADEME, Bilan du secteur touristique en France, 2021 – Émissions de GES

source : ADEME, Bilan du secteur touristique en France, 2021 – Émissions de GES
TRAIN VS AVION : CO2

Alors comment calculer l’impact de nos transports ? Vous trouverez différents calculateurs qui comparent les émissions par mode de transport (avec des options comme ajouter des passagers, kilomètres, itinéraires etc…) comme celui de la SNCF, Green Tripper, Myclimate, ou mon impact transport de l’ADEME. Ils permettent d’avoir une idée des ordres de grandeur onnent des différentes émissions et de l’impact environnemental entre le train et l’avion (et la voiture…)

Les résultats sont toujours sans appel : les émissions du train sont bien moins élevées que celles de l’avion et de la voiture. Le train est imbattable. Peu importe avec quel type de train ou sur quelles lignes empruntées, le train l’emporte haut la main et éclipse même les trajets en voiture.

Par exemple, un trajet Paris-Lyon en avion émet 66 fois plus de CO2 que le train.

Prendre le train pour faire Londres-Paris permet de réduire ses émissions de CO2 de quasiment 90% (article de Seat 61)

Un aller-retour Londres-Genève émet 360kg de CO2eq, 80kg en voiture à 3 personnes (ou 280 kg en voiture pour une personne seule !) et 7kg en TGV… ! (ou même moins en fonction des comparateurs)

Même en prenant en compte dans les calculs les infrastructures et la maintenance, le train garde toujours un net avantage en France. (lire article de Bon Pote)

En plus du CO2 émis par la production et combustion du carburant, les avions peuvent affecter le climat par d’autres émissions, polluants et processus atmosphériques tels que les trainées de condensation qui peuvent se former à leur passage. La base carbone de l’ADEME estime que cela doublerait le forçage radiatif de l’aviation.

Afin de rester sur une trajectoire à + 2°C maximum, l’empreinte carbone d’un français doit être divisé par 5 ou 6 car il faut viser une empreinte carbone de 2 tonnes de CO2eq par personne. Pour info, un aller retour Paris – New York correspond déjà à ce budget annuel… (sachant qu’il faut aussi se nourrir, se chauffer, se déplacer aussi au quotidien…) Sachant que la compensation carbone n’est pas une solution à long terme pour le changement climatique, et qu’il est impératif de réduire ses émissions, une réduction du trafic aérien est nécessaire pour être en accord avec les objectifs climatiques. source: Pourquoi arrêter l’avion ne devrait plus être un débat (Bon Pote)

TOURISME DURABLE

Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreux à être concernés par notre impact environnemental. En Scandinavie, depuis quelques années le Flygskam ou – la honte de prendre l’avion pour des raisons environnementales – se développe. Habitants et touristes,

nous aspirons tous à être des visiteurs respectueux de cet environnement fragile et merveilleux que nous aimons tant. Nous voulons continuer à profiter de nos montagnes, mais d’une manière différente. Il est temps d’agir et prendre le train est déjà la première étape importante vers un tourisme durable. Nous rappelons aussi que nous habitants sommes responsables de cette majorité de gaz à effet de serre liés aux transports. A nous de réduire aussi cette empreinte et dans la mesure du possible, marcher davantage, prendre notre vélo, les navettes et transport en commun ou faire du covoiturage.

En tant qu’entreprise et commerçant, il est important aussi d’agir sur la demande touristique pour soutenir les évolutions comportementales et accompagner nos visiteurs vers un tourisme durable de façon systémique.

Si une taxe carbone significative était instaurée (basée sur un scénario de +1,5°C), certaines personnes pourraient avoir du mal à venir en station en voiture. Il est donc intéressant et nécessaire de réfléchir en amont à décarboner nos transports et revoir nos mobilités.

Encourager les gens à prendre le train ou à utiliser la mobilité douce est donc une étape importante et nous travaillons dans ce sens. (voir notre campagneAlpinExpress campaign).

Auteur: Alice de Chilly

22 décembre 2021

L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU NUMÉRIQUE

GAZ A EFFET DE SERRE

Le numérique émet aujourd’hui 4 % des gaz à effet de serre du monde, et ce chiffre s’accroît de 9 % par an. Au rythme actuel, sa part aura plus que doublé en 2025.

Ce secteur permet de multiples évolutions et améliorations au quotidien, mais il est primordial de prendre en compte son impact environnemental. On parle de « dématérialisation », de « cloud », mais le numérique bien qu’il semble invisible et virtuel est avant tout matériel avec une véritable réalité physique.

QUELQUES CHIFFRES ET ORDRES DE GRANDEUR
  • Si internet était un pays, il serait le 3ème consommateur mondial d’électricité et il aurait une empreinte carbone 2 à 3 fois supérieure à la France
  • 32 kilos de matières sont nécessaires pour fabriquer une puce électronique de 2 grammes (sans parler des ressources en eau)
  • La fabrication d’un ordinateur nécessite 240kg de combustible fossile, 22kg de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau
  • La fabrication d’une télévision de 47 pouces émet 479 kg de gaz à effet de serre et elle nécessite 26 000 litres d’eau
  • En 2019, on compte 34 milliards d’équipements numériques pour 4,1 milliards d’utilisateurs dans le monde.
  • 15000 km, c’est la distance moyenne parcourue par une donnée numérique (mail, requête web, vidéo…)
  • Envoyer un mail ave une pj = laisser une ampoule allumée pendant 1h
  • Chaque minute passée sur Instagram consomme environ 175 Wh et émet environ 90 g de CO2.
La mine de Baotou, le plus grand site minier de terres rares de Chine, appelée la ville du cancer…
LA FABRICATION, L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL LE PLUS IMPORTANT

Pas moins de 70 matériaux différents, dont 50 métaux (notamment des métaux rares) sont nécessaires pour fabriquer un smartphone. L’extraction de la croûte terrestre et leur exploitation requiert des volumes de terre et d’eau gigantesques et conduit notamment à la destruction d’écosystèmes. 

Les industries minières et métallurgiques font partie des activités humaines les plus polluantes :  destruction de sites naturels, consommation d’énergie et d’eau, rejets de métaux lourds et nocifs, utilisation de produits chimiques nocifs, eaux polluées etc… La fabrication entraîne donc un épuisement des ressources, sans parler de l’exploitation humaine, travail des enfants, conditions de santé, conflits armés, (cf minerais de sang)… Les métaux lourds sont souvent rejetés directement dans la nature, s’infiltrent dans les nappes phréatiques, jusqu’aux cultures ce qui implique des graves problèmes de santé pour les populations locales.

La plupart des composants sont fabriqués en Chine (dont l’électricité provient majoritairement du charbon…) et leur transport (en avion le plus souvent) vient encore alourdir le bilan.

Ces ressources ne sont pas infinies et pour satisfaire la demande croissante, on creuse de plus en plus profond, ce qui nécessite toujours plus d’énergie. (Lire Le Smartphone un poison pour la planète)

Comme nous changeons nos téléphones en moyenne tous les 2 ans, les déchets électroniques augmentent de façon exponentielle et sont aussi parmi les plus compliqués à traiter. La majeure partie n’est pas triée et termine en incinération ou en décharge, pollue sols et rivières. Le taux de recyclage est extrêmement faible. (environ 15% des smartphones par exemple) et sont acheminés illégalement vers des décharges en Afrique ou Asie.

La pollution générée par nos déchets électrique et électronique est de plus en plus préoccupante. Par exemple, un des lieux les plus pollués au monde est une décharge d’objets électroniques au Ghana à Agbogbloshie, qui entasse 40 000 tonnes de matériaux provenant de nos pays développés.

Extracteur de métaux rares et installation de câbles sous-marins: la face cachée des machines derrière nos appareils
UTILISATION

Bien que la fabrication concentre le plus d’impact environnemental, notre usage n’est pas en reste. Notre utilisation n’est pas « dématérialisée » mais fonctionne uniquement grâce aux équipements (ordinateurs, câbles, box…) et avec des réseaux et infrastructures. 

Nous avons souvent le sentiment que toutes nos connexions se font de façon virtuelle, sans fil, sans raccord. Nos équipements ne sentent pas mauvais, ne crachent pas de grosse fumée noire, nous n’avons donc pas l’impression que leur utilisation a un coût environnemental, tout semble invisible. Pour autant, la réalité est bien différente, toutes nos connexions nécessitent une vraie infrastructure. 

Vous avez sûrement entendu parler des centres données, les fameux data centers : l’électricité de ces data centers est certes de plus en plus décarbonée, cependant leur fonctionnement est très gourmand en énergie : le stockage des données génère de la chaleur, ce qui entraîne des besoins en climatisation et donc une consommation importante en eau. 

On pense aussi immédiatement aux satellites dans l’espace, qui sont de plus en plus nombreux mais jouent un rôle assez infime dans la transmission des données internet.

L’essentiel du trafic internet passe par des câbles sous-marins. Aujourd’hui, plus d’1,2 million de kilomètres de câbles traversent le globe, soit 32 fois le tour de la Terre. Ces câbles sont enfouis dans le sol marin par des navires câbliers et des machines sous-marines, leur durée de vie théorique est de 25ans. Ils sont parfois remplacés avant cette durée lorsqu’ils sont considérés comme obsolètes technologiquement et que l’on veut doper leurs capacités.

Réseau des câbles sous-marins
15 ACTIONS POUR RÉDUIRE NOTRE IMPACT

La fabrication représentant 3/4 des impacts, agir sur ses équipements est la première étape importante.

  1. Réduisons le nombre de nos équipements, gardons un esprit critique et questionnons-nous lors de nos achats : ces équipements, objets connectés, ou gadgets sont-ils vraiment indispensables à mon quotidien ?
  2. Allonger la durée de vie de nos équipements est un geste des plus efficaces : essayons au maximum d’en prendre soin (coques et verres de protection), et si possible de les réparer (tutoriels ou save.co) Il est important aussi d’entretenir ses appareils (panne, antivirus, etc) grâce à des logiciels comme ccleaner
  3. Si vraiment votre appareil ne fonctionne plus et n’est pas réparable, il est impératif de ne pas le jeter à la poubelle mais de le recycler ou par exemple de l’envoyer sur cette plateforme pour les téléphones
  4. Pour un achat (nécessaire), privilégions le reconditionné ou l’occasion (même si cela ne doit pas être une excuse pour changer plus souvent!), orientons-nous vers des produits porteurs de labels environnementaux (EPEAT et TCO Certified, Der Blaue Angel) comme Fairphone
  5. La vidéo en ligne représente 80% des flux des données numériques et engendre 306 millions de tonnes de CO2 par an dans le monde : une des actions est d’essayer de diminuer sa consommation de vidéo en ligne,  d’utiliser une plus faible résolution lorsqu’on regarde une vidéo, et désactiver la lecture automatique des vidéos sur les réseaux (lire Climat: l’insoutenable usage de la vidéo)
  6. Réduisons la taille de nos écrans de TV : la consommation augmente avec le carré de la diagonale
  7. Un message whatsapp consomme 4g et un sms 0.014g, pourquoi ne pas revenir aux bons vieux sms! (lire empreinte carbone message)
  8. Gérons mieux notre boîte mail : supprimons les mails (et non les archiver) et allégeons nos envois (privilégions les plateformes de transfert comme filevert aux pièces jointes)
  9. Sur nos smartphones, désactivons les notifications non nécessaires et limitons l’ajout d’applications
  10. On éteint et débranche nos appareils informatiques lorsqu’on ne les utilise pas (ordi, imprimante, box: une box consomme autant qu’un réfrigérateur!)
  11. Préférons le Wi-Fi au réseau 4G qui est 20 fois plus impactant (lire gestes au quotidien)
  12. Limiter son utilisation de moteur de recherche : 1 requête sur Google est l’équivalent de laisser allumer 1 ampoule 12W pendant 2h… et choisir un moteur plus responsable comme ecosia
  13. Faisons du tri dans ce que l’on stocke sur le cloud (photos, vidéos…) : privilégier le stockage des données en local est plus éco-responsable
  14. On n’imprime pas ses mails est un adage connu et toujours avéré. (Même si le temps de lecture à l’écran sera plus impactant et que le papier restera le support plus adapté pour une lecture prolongée.)
  15. Et surtout… effectuer des tâches quotidiennes sans son smartphone : un réveil, un agenda.. et faire des activités sans objets connectés… On profite de la nature, (en gardant juste son téléphone au fond du sac à dos en cas d’urgence!)
CONCLUSION

Nous ne remettons pas en cause les impacts positifs du numérique, indispensable dans notre quotidien aujourd’hui. En tant qu’association, nous avons un site internet, sommes sur les réseaux sociaux, vous envoyons des newsletters et partageons des articles de blog comme celui-ci…

Cependant le numérique n’est ni renouvelable, ni durable, sa part dans les émissions de GES est telle qu’en continuant sur cette lancée, nous ne pourrons répondre à la baisse nécessaire de nos émissions pour rester en-dessous des +2°C.

Nous vous invitons donc à prendre conscience des enjeux, de cette matérialité du numérique qui est souvent sous-estimée, à questionner vos besoins, vos pratiques et réfléchir à une utilisation plus responsable. 

POUR ALLER PLUS LOIN

Pour une informatique éco-responsable – CNRS

Combien surfer sur le web coûte au climat: télécharger Carbonalyser

Impact environnemental du numérique

Green It

Simulateur d’impact numérique

ADEME, la face cachée du numérique

Pour une sobriété numérique, le Shift Project

Un portable ne pèse pas 150 gr mais 150 kilos

Cette vidéo réchauffe le climat mais prenez 2min pour la regarder

Le voyage du smartphone

14 décembre 2021

365 jours à vélo: le challenge de Camille

LES ROUES TOURNENT: LE CHALLENGE DE CAMILLE

Imaginez un monde sans transports, sans voitures, bus ou avions. Nous sommes tous dépendants des moyens de transport pour aller travailler, faire nos courses, nos activités ou nos vacances. Sur ces trajets, combien de fois pouvons-nous faire du vélo et laisser la voiture à la maison ? Marcher au lieu de prendre le bus ? Nous vivons de plus en plus dans un monde où la facilité est essentielle. Les repas sont préparés à l’avance, Amazon livre les commandes le lendemain, un Uber nous emmène directement devant notre porte. Combien de fois réfléchissons-nous aux conséquences de ces transactions ? Lorsque cette télévision fonctionne sans défaut mais que nous en achetons une nouvelle avec un écran plus grand. Lorsque nous prenons la voiture pour aller au supermarché express en bas de la rue ou lorsque nous jetons de la nourriture inutilement. Souvent, ces actions ne sont pas remises en question parce qu’elles nous facilitent la vie et nous rendent plus efficaces. Nous oublions ou ignorons souvent les conséquences qui affectent le monde dans lequel nous vivons.

Et justement, ne devrions-nous pas nous mettre un défi ? Nous mettre au défi de réfléchir à nos choix pour tenir compte de l’environnement et vivre de manière plus durable. Certains défis surviennent dans nos vies sans prévenir. D’autres sont mûrement réfléchis et concernent un aspect particulier de notre vie. Par exemple, se lancer dans le défi d’un mode de vie plus sain. Décider de courir ce marathon. Trouver des moyens d’aider d’autres personnes. Les défis que nous nous fixons sont propres à chacun et, les possibilités sont infinies, les difficultés variables.

vacances en vélo
365 JOURS SANS TRANSPORT MOTORISÉ

Pour Camille, le défi qu’elle s’est lancé était de supprimer les transports motorisés de sa vie pendant 365 jours. Qu’il pleuve ou qu’il vente (ou qu’il neige), depuis janvier 2021, Camille marche, pédale ou skie pour atteindre sa destination et en revenir. Oubliez les voitures, les bus et les avions. Imaginez-vous vous réveiller pour ensuite pédaler dans la neige pour vous rendre au travail. Et imaginez le retour à la maison à la fin d’une longue journée. Pour Camille, cependant, « l’hiver n’était en fait (globalement) pas très différent du reste de l’année » et un pantalon de ski et une veste lui permettaient de se rendre au travail au chaud et au sec. Alors qu’elle raconte son expérience de l’hiver dans les Alpes françaises, nous ne pouvons qu’admirer sa résistance au froid et la façon dont elle a surmonté les conditions difficiles ! Malgré les pneus neige de son vélo, qui lui donnaient une meilleure adhérence sur la route, elle a parfois dû laisser son vélo à la maison et s’aventurer avec des raquettes. Pour donner un ordre d’idée, rien que pour aller au travail en raquettes, il fallait 2 heures !

On imagine que sortir et se déplacer dans la neige sur un vélo ou des skis est déjà assez difficile, mais pour Camille, la partie la plus compliquée a été de promouvoir son défi sur les réseaux sociaux, ce qui est « quelque chose que je ne fais pas naturellement », souligne-t-elle. Faire connaître ses efforts en ligne pour sensibiliser l’opinion publique et recueillir du soutien et des fonds était un autre défi en soi pour Camille. « Je pense que j’aurais pu faire beaucoup mieux », confie-t-elle, « mais le fait de relever le défi tout en ayant une année bien remplie signifie que c’est malheureusement l’une des premières choses que j’ai laissé échapper ». Avec un bébé en route et l’achat d’une maison, la détermination de Camille à aller jusqu’au bout du défi est une source d’inspiration pour nous tous !

Et même pendant l’hiver…

Alors, qu’est-ce qui a décidé Camille à se lancer dans un tel défi ? Eh bien, « j’ai pensé que ce serait une expérience formidable pour voir comment on peut adapter une vie « normale » en supprimant complètement un aspect de la vie quotidienne, qui est connu pour être un contributeur majeur au réchauffement de la planète », explique-t-elle. Son objectif est d' »inspirer les gens à prendre des mesures plus audacieuses pour changer leur mode de vie et s’aligner sur la nécessité d’enrayer le réchauffement climatique ». Nous sommes sûrs que vous serez d’accord avec elle : le défi de Camille permettra non seulement de montrer comment nous pouvons, en tant qu’individus, réduire notre dépendance aux transports motorisés, mais aussi de récolter des fonds au profit d’associations caritatives.

Les contributions apportées à la collecte de fond de Camille seront distribuées à trois associations: Envol Vert, les Amis de la Terre et Montagne Verte, qui s’efforcent de s’attaquer aux problèmes liés au réchauffement climatique, de sensibiliser l’opinion publique et de faire évoluer les comportements et les politiques locales et nationales dans le bon sens.

L’expérience de Camille au cours des derniers mois a permis de mettre en évidence, pour elle et pour d’autres, que nous pouvons améliorer la façon dont nous utilisons les transports motorisés, « qu’il s’agisse de devenir beaucoup plus consciencieux sur ce que nous considérons comme des déplacements essentiels et d’être efficace dans la façon dont nous utilisons les voitures, comme le covoiturage et d’éviter les voyages multiples ». Elle insiste sur le fait que le vélo a été « le moyen idéal de se déplacer et de voyager » cette année, et qu’elle l’a même utilisé pour atteindre des destinations plus lointaines, comme Annecy, Bonneville et même Saint-Nazaire, sur la côte ouest de la France, pour rendre visite à ses parents. Cependant, avec un système de bus réduit en basse saison dans la région et aux alentours, vivre dans une station balnéaire peut poser des difficultés aux habitants, qui dépendent donc largement de la voiture pour se déplacer. Il est nécessaire d’améliorer les transports publics dans la région et des discussions avec les autorités et organisations locales sont en cours pour permettre la mise en place de nouvelles infrastructures, offrant aux touristes et aux habitants la possibilité de laisser la voiture à la maison et de voyager par d’autres moyens plus respectueux de l’environnement.

SENSIBILISER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Bien qu’il existe des initiatives locales et nationales visant à réduire le réchauffement de la planète, Camille souligne la nécessité pour nous, en tant qu’individus, de changer nos propres habitudes, notamment en « réduisant davantage notre consommation de viande, en étant beaucoup plus attentif au plastique et à la qualité des objets que nous achetons ». Même lorsque les 365 jours prendront fin, Camille continuera à pédaler d’un endroit à l’autre autant que possible, ne prenant le bus que lorsqu’elle en a besoin, en réduisant son empreinte carbone aussi faible que possible. « J’ai été surprise de constater que la plupart de mes mouvements cette année étaient plutôt faciles, que j’ai rarement eu l’impression d’une corvée et que cela m’a permis de rester en forme », explique Camille. « Cela m’a obligé à essayer de ralentir dans de nombreux aspects de ma vie également ». En se lançant dans ce défi, Camille souligne que, bien souvent, la technologie et les commodités auxquelles nous avons accès, qui ont été inventées pour nous faire gagner du temps, ont tendance à nous rendre trop efficaces, super productifs et donc à nous faire avancer à un rythme qui n’est pas durable, tant pour nous que pour la planète.

Changer nos habitudes pour prendre en compte l’environnement ou se lancer dans un défi pour aider à sensibiliser et à collecter des fonds pour des organisations caritatives environnementales, comme Camille l’a fait si naturellement, aura un impact positif pour sauver notre planète. Nous avons tous notre rôle à jouer.

Nous dépendons tellement de la technologie, des commodités et des transports motorisés dans nos vies, mais nous devons nous rappeler que nous dépendons aussi de notre planète pour vivre heureux et en bonne santé.

Auteur: Katie Rutherford

2 novembre 2021

LES ENJEUX DE LA COP 26


QU’EST-CE QUE LA COP?

La COP ou Conférence des Parties, est un sommet annuel qui réunit les pays signataires de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  La COP 26 est donc la 26ème depuis l’entrée en vigueur du traité le 21 mars 1994.

Après avoir été reportée d’une année à cause de la crise sanitaire, plus de 190 dirigeants mondiaux et des acteurs de la société civile (entreprises, ONG, peuples autochtones, scientifiques…) vont participer à deux semaines de réunion à Glasgow, ce jusqu’au 12 novembre. 

L’absence des présidents chinois, russe et brésilien est regrettable. Tout comme la sous-représentation à cette conférence des pays les plus vulnérables, notamment à cause de l’obligation vaccinale et du coût particulièrement élevé du déplacement et du logement sur place.

UN CONTEXTE PARTICULIER

Cette COP intervient dans un contexte unique, quelques mois après le rapport du Groupe 1 du GIEC qui confirme l’ampleur du changement climatique qui est sans équivoque lié aux activités humaines ; et que la décennie à venir est cruciale pour agir et réduire nos émissions de GES.

Les phénomènes climatiques extrêmes de cet été viennent confirmer. Canicules, inondations, incendies, migrants climatiques, dômes de chaleur, sécheresses, famines climatiques sont déjà révélateurs du réchauffement. Des degrés ou dixièmes de degrés de différence auront des conséquences dramatiques.

ACCORDS DE PARIS 

En 2015, la COP21 avait lieu à Paris, débouchant sur des accords sur le climat afin d’endiguer le réchauffement climatique. Les pays se sont fixer des objectifs pour réduire leurs émissions de GES, c’est-à-dire les Contributions Déterminées au Niveau National (CDN)

Aujourd’hui, l’empreinte carbone d’un français est de 11 tonnes de CO2 par an. Pour respecter les accords de paris, cette empreinte doit être réduite à 2 tonnes de CO2 par an en 2050, soit une baisse de 80%. Nous vous invitons à calculer votre empreinte carbone avec le calculateur de l’ADEME : https://nosgestesclimat.fr

Il est certes important pour chacun de faire sa part mais afin de faire face à l’urgence climatique, le changement doit être systémique. Les entreprises, les gouvernements et les États doivent se transformer en profondeur.

L’ONU a rappelé cet automne que les engagements actuels mènent la planète vers un réchauffement climatique « catastrophique » de 2.7°C, très loin des objectifs des 1.5°C des Accords de Paris. “Un aller simple vers le désastre” selon le secrétaire général Antonio Guterres.

Pour inverser cette tendance, il est vital de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre au cours des dix années à venir.  À l’occasion de cette COP26, les pays doivent annoncer leurs nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

OBJECTIFS

Les quatre objectifs présentés par le gouvernement français sont les suivants : 

  1. Rehausser l’ambition climatique. Les États qui ne se sont pas encore engagés doivent annoncer leur nouvelle ambition climatique, via la mise à jour des contributions déterminées au niveau national (CDN) et la publication de stratégies de long terme à horizon 2050
  2. Finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris. L’article 6 de l’Accord de Paris prévoit des mécanismes autorisant les pays à échanger des réductions d’émissions afin d’atteindre leur CDN. Une décision de la communauté internationale doit être prise pour que ces mécanismes deviennent opérationnels.
  3. Mobiliser la finance climat. Les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars en faveur des pays en développement pour chaque année de 2020 à 2025. Mais le compte n’y est pas et des différents persistent sur le financement climat.
  4.  Renforcer l’Agenda de l’action. L’Accord de Paris encourage les États à coopérer avec les acteurs non étatiques au sein d’un Agenda de l’action rassemblant de multiples initiatives par grands secteurs d’activité, comme l’Alliance solaire internationale

Nous retrouvons des objectifs similaires sur le site officiel de la COP 26 :

Les pays du Sud sont les premières victimes du changement climatique, ils subissent les conséquences des émissions de gaz à effet de serre dont ils ne sont en majorité nullement responsables. Il faut donc réellement financer les pays en voie de développement à hauteur de 100mds comme c’était prévu en 2009 mais ce qui n’est toujours pas le cas. La justice climatique est donc en enjeu majeur.

Il est également nécessaire d’obtenir un véritable engagement des états en comblant l’écart entre le discours et les actes. Le problème étant que les promesses annoncées par les États pour atteindre la neutralité carbone sont souvent vagues et ne se reflètent pas dans les engagements pris à moyen terme. Certaines mesures sont vitales : arrêter l’exploitation des énergies fossiles (notamment sortir rapidement du charbon), investir dans les énergies renouvelables,  enrayer la déforestation, passer au véhicules électriques, réduire les autres émissions de gaz à effet de serre comme le méthane…

Il faut également mettre l’accent sur la finance qui un levier majeur pour acter la transition écologique. Aujourd’hui de trop nombreuses banques financent des projets écocides, en total désaccord avec les ambitions climatiques.

Enfin, le climat et la biodiversité sont indissociables. Aujourd’hui, 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction. Il n’y aura pas de lutte contre le changement climatique sans prendre en compte nos écosystèmes. Comme le préconise conjointement le GIEC et l’IPBES, Il faut aborder ensemble ces 2 crises et protéger la biodiversité pour lutter contre le réchauffement. 

ON Y CROIT?

Jusqu’à présent, les COP n’ont pas empêché les émissions de gaz à effet de serre de continuer à augmenter. Que l’on soit pessimiste ou dubitatif sur les résultats de cette COP – qu’il ne faut pas surestimer – il n’en demeure pas moins que ce sommet reste crucial.. 

La coopération internationale, bien qu’imparfaite et laborieuse est absolument nécessaire. Chaque état ne peut pas s’occuper uniquement de ses propres émissions carbones et de l’atmosphère juste au-dessus de lui, le changement climatique est un problème global qui doit être traité au niveau international. La COP sert également à mobiliser la société civile et sensibiliser l’opinion publique.

Nous tentons de rester positif car nous pouvons encore agir. Le changement climatique est réel, bien réel et va se poursuivre de façon irréversible. Mais chaque dixième de degré compte, chaque tonne de CO2 compte. Il est encore possible d’agir, parce que le niveau de réchauffement que nous connaîtrons dans le futur dépendra en grande partie de nos émissions actuelles. 

Si nos jeunes générations y croient et se battent, nous devons nous joindre à leur voix et demander avec eux de faire face instamment à l’urgence climatique, pas l’année prochaine, pas le mois prochain, mais maintenant.
Nous vous invitons donc vivement à suivre l’évolution de cette 26ème COP, tout en restant mesuré et attentif face au greenwashing et effet d’annonces.

Quelques liens pour en savoir plus:

Cop 26 les 7 objectifs pour espérer: du Bonpote.com

Discours de David Attenborough

Quatre graphiques pour comprendre les enjeux climatiques

Comprendre la COP 26

Action Réseau Climat Cop ou Flop

Auteur: Alice de Chilly

30 septembre 2021

États Généraux de la Transition du Tourisme en Montagne

Les 23 et 24 Septembre dernier, Montagne Verte a co-organisé dans le Chablais avec les associations Cellule Verte 74 et Protect Our Winters France, des ateliers dans le cadre des États Généraux de la Transition du Tourisme en Montagne.

Évènement national organisé par Mountain Wilderness et 2TM – Transition des Territoires, dans le cadre de la présidence française à la SUERA (Stratégie de l’Union Européenne pour le Région Alpine), a regroupé l’ensemble des acteurs de l’écosystème montagnard pour réfléchir ensemble et construire des solutions d’avenir pour leur territoire.

Séances plénières en direct ou en visioconférence, suivi d’ateliers thématiques organisés dans une trentaine de territoires. Ces ateliers ont permis de réunir des associations, des élus, des socio-professionnels pour réfléchir ensemble lors d’atelier d’intelligence collective. Parrainé par Marie Dorin et Kilian Jornet, cet évènement a rassemblé 2000 personnes en live, 29 ateliers territoriaux, 1200 participants dans les territoires et près de 100 intervenants

L’enjeu était de réfléchir à l’avenir de nos montagnes et de chaque territoire en prenant en compte les nécessités économiques, écologiques, de transition nécessaire face au changement climatique. Avancer ensemble, avec des avis et visions différentes pour construire ensemble la montagne de demain.

La première conférence en visioconférence avec Jean-François Caron, Dominique Bourg et Eric Raulet a permis de dresser le constat et nous a tous inspirer (replay possible sur le site des états généraux)

Jean-François Caron indique « On a un ancien modèle qui est mort, car basé sur un monde infini ce qui ne l’est pas… » « On a un vrai enjeu: construire un nouvel imaginaire, de nouveaux possibles pour la montagne. Il faut créer ce nouveau récit, sans renier d’où l’on part, et accepter de renoncer à certaines addictions. » La Fabrique des Transitions qu’il a mis en place dans sa ville de Loos-en-Gohelle dans les Hauts de France, devenue ville pilote du développement durable est un exemple formidable et inspirant.

Une autre conférence a permis a permis à d’autres intervenants de s’exprimer. Louise Drompt, du conseil des jeunes de la SUERA insiste sur la mobilité « Short flights are for insects! Privilégions le train, donnons aux jeunes les moyens de circuler avec le minimum d’impact. »

Après ces constats communs dressés, des ateliers se sont déroulés dans une trentaine de territoire dans les Alpes.

Le cahier des charges des ateliers était « l’intelligence collective » qui permet d’impliquer au mieux chaque partie prenante. Organisé localement à Morzine par Montagne Verte, Cellule Verte 74 et Protect Our Winters France, des élus, associations, offices de tourisme, acteurs de l’écosystème montagnard (écoles de ski, agriculteurs, AMM, hébergeurs, saisonniers, BTP, maraîchers, scientifiques …) ont pu participé. Habitants de la vallée d’Aulps, vallée d’Abondance et Vallée Verte se sont investis pendant ces deux journées.

Le premier jour, l’objectif était de réfléchir aux problématiques à résoudre pour opérer la transition sur le territoire: Temps de réflexion individuelle, partage et échanges. 3 problématiques principales ont été retenues: Mobilités – Urbanisation – Gestion des Ressources. Le lendemain, nous avons travaillé sur les problématiques de la veille : Solutions, Actions et Besoins.

Vous pouvez trouver le résumé des ateliers avec ce lien: EGTT Ateliers du Chablais

Et sur le site des Etats Généraux, l’ensemble des synthèses par ateliers

Les 5 thématiques abordées dans quasiment l’ensemble des ateliers étaient Logement, Mobilité, Gouvernance, Gestion des ressources, Transition du Modèle Économique et Touristique

Maintenir un territoire vif, peuplé à l’année est une conclusion majeure tirée des ces ateliers. Les habitants à l’année sont une vraie plus-value.

A l’issue de ces états généraux, l’ensemble des partenaires ont signé une déclaration commune. La suite de ces Etats Généraux doit permettre de bâtir le socle pour construire une vision de la montagne pour les années à venir: « Nous, acteurs de la montagne, sommes responsables de sa préservation environnementale ainsi que de son aménagement.
En accord avec les politiques et actions déjà en place, nous nous engageons à amplifier nos efforts afin de pouvoir bien vivre et bien accueillir dans des territoires de montagne préservés.
L’idée est d’imaginer ensemble l’avenir de la montagne pour qu’elle demeure une terre d’envies et une montagne à vivre. »

Bilan et restitution des États Généraux

Revue la Transition au cœur des Territoires de Montagne

Pour aller plus loin: Guide Sectoriel ADEME bilans gaz à effet de serre et stratégie climatique en montagne

24 janvier 2021

Durabilité et réparabilité

Noël approche à grands pas et, bien que cette année il s’annonce inhabituel à tous points de vue, beaucoup d’entre vous seront en train d’acheter des cadeaux pour vos proches et vos amis. Avec une conscience éco-responsable, cela peut être une tâche difficile (voir ici pourquoi nous vous conseillons you buy local). Bien sûr, il existe beaucoup d’options qui se vantent d’utiliser des matériaux écologiques, avec une conception durable et un processus de fabrication neutre en carbone. Néanmoins, il est évident que tout produit fabriqué représente un coût pour notre environnement.

Il n’y a aucun domaine de la consommation où cela n’est plus vrai que dans l’électronique Au niveau mondial, nous produisons 50 millions de tonnes de déchets électroniques par an, une quantité que notre planète ne peut tout simplement pas supporter. Compte tenu des conditions sociales difficiles liées à la pandémie actuelle, il est prévu une hausse sans précédent, ce Noël, de la demande d’appareils électroniques, les gens cherchant à se connecter à distance avec d’autres Cette augmentation de ventes entraînera bien sûr une avalanche d’appareils périmés et souvent jetés en 2021 Même si dans beaucoup de communautés, y inclus la nôtre, le recyclage de déchets électroniques est en expansion, c’est un processus très coûteux et seul un faible pourcentage des déchets est effectivement recyclé.

Tandis que le développement durable et la recyclabilité sont deux éléments importants en ce qui concerne de nouveaux produits, il est essentiel de prendre en considération la longévité et la réparabilité d’un produit si nous voulons ralentir les conséquences désastreuses pour l’environnement du consumérisme de masse. Les produits avec ces caractéristiques sont essentiels dans l’évolution vers un modèle économique plus durable qui nous permettra de vivre confortablement dans les limites naturelles de notre environnement. Néanmoins, des entreprises mondiales de produits de consommation comme Apple utilisant sciemment des stratégies pour réduire la durée de vie des produits de base afin d’augmenter les ventes futures, il semble que nous soyons confrontés à une rude bataille. Il s’agit de la lutte contre une stratégie de fabrication intentionnelle connue sous le nom de « l’obsolescence programmée ».

QU’EST-CE-QUE L’OBSOLESCENCE PROGRAMMEE?

L’obsolescence programmée peut être définie comme la manière dont les entreprises conçoivent et fabriquent délibérément un produit pour s’assurer qu’il se dégrade et cesse de fonctionner plus tôt qu’il ne le ferait autrement Cela a pour but d’augmenter le taux de remplacement d’un produit, la demande future pour les achats ultérieurs et, par conséquent, les bénéfices de l’entreprise. D’un point de vue environnemental, un taux de remplacement plus élevé entraîne à une demande plus accrue d’extraction de matières premières, une augmentation des émissions à la fabrication, au transport et aux déchets et une expansion plus grande de l’utilisation des sols, accompagnée d’une contamination de l’environnement.

Les entreprises, comme Apple, n’ont pas inventé l’obsolescence programmée – en fait, les origines de cette pratique remontent à la commercialisation de l’ampoule électrique En 1925, un accord international a été signé dans la ville voisine de Genève entre les fabricants d’ampoules à incandescence, entraînant la création d’un « cartel » international de fournisseurs sur le marché des ampoules électriques Malgré le fait que la technologie pour des ampoules à très longue durée de vie existait déjà à l’époque, les fabricants savaient que, pour maximiser les ventes, il fallait dégrader la durée de vie de leurs ampoules. Ils ont même créé des salles d’essai pour s’assurer que les membres de ce cartel produisaient tous des ampoules au même niveau de (dys)fonctionnement, afin de ne pas se faire concurrence. Pour témoigner du fait que même les filaments des ampoules à incandescence peuvent durer nettement plus longtemps que l’industrie suggère, une ampoule en particulier, connue sous le nom de l’Ampoule du Centenaire, se trouve dans une caserne de pompiers en Californie où elle continue à briller après 119 ans !

Ayant terminé avec notre brève leçon d’histoire, revenons vite à la situation actuelle, où il n’existe toujours pas de législation internationale généralisée pour lutter contre cette pratique. De plus, l’obsolescence programmée est arrivée en douce dans des formes plus discrètes et manipulatrices, y compris l’obsolescence esthétique, qui joue sur notre psyché de consommateur, et l’obsolescence par le biais de modifications de logiciels. Apple est experte dans ces deux stratégies : non seulement elle retient les avancées technologiques déjà acquises afin de vendre plus tard les modèles futurs, mais on sait aussi depuis longtemps qu’elle publie des mises à jour logicielles pour des appareils comme l’Iphone qui ralentissent intentionnellement la vitesse des anciens appareils au point de les rendre dysfonctionnels.

COMMENT REMEDIER A LA SITUATION?

La lutte contre l’obsolescence programmée se heurte à de nombreux défis, notamment le fait qu’il est extrêmement difficile de prouver devant un tribunal qu’une entreprise pratique sciemment l’obsolescence programmée Heureusement, cela n’a pas empêché les gens d’essayer. Ici en France le gouvernement a établi avec audace en 2015 un projet de loi pour criminaliser les fabricants qui utilisent cette technique. Deux ans plus tard, cette loi a été mise à l’épreuve avec des procès intentés à la fois contre Epson et Apple. Par conséquence, en janvier 2020 Apple a été condamné à une amende de 25 000 millions d’euros et, bien que cela ne représente l’équivalent de 3 heures de bénéfices pour ce géant de la technologie, ce cas historique a créé un précédent énorme. En effet, la dynamique créée par le résultat de cette affaire a amené à une résolution au sein de l’UE, rédigée par le député français, Pascal Durand. Cette résolution a été adoptée avec une forte majorité par le Parlement européen, ce qui démontre qu’il existe un appétit international pour une législation faisant barrage aux dangers de la surconsommation. Tandis que ces bonnes nouvelles arrivent dans une période de domination corporative et d’urgence climatique, il reste encore beaucoup à faire pour aider la lutte contre l’obsolescence programmée.

L’INDICE DE CONSOMMATION HOP ET LE DROIT À LA RÉPARATION

Étant donné que le marché concerne à la fois producteurs et consommateurs, il y a beaucoup à faire du côté des consommateurs. Une partie peut simplement être atteinte par une meilleure information. Actuellement ce n’est pas si facile d’avoir accès aux informations concernant la longévité et réparabilité d’un produit, puisqu’il n’existe pas de système d’évaluation standardisé Tout cela est sur le point de changer dans un avenir proche, et la France est encore une fois en tête de cette lutte avec l’indice de consommation « Halte à l’Obsolescence Programmée » (HOP). Cet indice exigera que certains produits affichent une note sur dix calculée selon plusieurs critères clés, dont :

  • la facilité de démontage
  • le prix et la disponibilité des pièces de rechange
  • l’accès aux informations sur les réparations
  • le contenu et les objectifs des mises à jour de logiciels

Non seulement ce système donnera aux consommateurs le pouvoir de choisir des produits de meilleure qualité et conçus pour durer, mais il stimulera aussi une saine concurrence entre les fabricants qui doivent désormais prendre en compte les facteurs de longévité et réparabilité dans leurs modèles économiques.

Prévu pour 2021, ce premier indice ne sera pas parfait et ne concernera dans un premier temps que certains appareils ménagers et électroniques. Toutefois c’est un début prometteur et qui amènera sans doute à des systèmes plus informatifs et plus rigoureux à l’avenir. Ces informations auront sans aucun doute un impact énorme sur notre façon de faire des choix en tant que consommateurs.

La campagne pour « le droit à la réparation » (right-to-repair) a été en grande partie le moteur derrière cet indice, et celle-ci continue à gagner du terrain à travers le globe. Les partisans de ce mouvement sont très attachés à notre droit inhérent, en tant que consommateurs, de pouvoir réparer un produit quand cela est nécessaire. Cela signifie des produits bien conçus qui permettent un démontage facile et un accès équitable et abordable aux ressources de réparation, y compris les pièces de rechange, les manuels d’information et l’assistance communautaire à la réparation.

Avec la croissance de “café-bricolages”, d’autres espaces de réparation communautaires et d’un vaste mouvement politique, il est évident que les gens se passionnent pour ce sujet. Cela a même attiré l’attention de certaines entreprises, avec des grandes marques de sports en plein air comme Patagonia faisant la promotion et facilitant les réparations de leurs produits.

Pour ceux d’entre nous qui ont la chance de vivre en montagne, ces questions revêtent une importance encore plus grande Lorsque vous dépendez de votre matériel pour aller en montagne et rentrer chez vous à la fin de la journée en tout sécurité, il est crucial que cet équipement fonctionne bien, qu’il soit durable et qu’il puisse être réparé le moment venu. Quand les choses se cassent, il ne devrait pas être nécessaire de descendre dans la vallée ou de les envoyer plus loin par courrier pour un diagnostic ou une réparation Nos communautés de montagne, petites mais pleines de ressources, sont des endroits parfaits pour promouvoir une consommation réfléchie de produits de qualité et pour échanger les compétences et le savoir-faire indispensables pour les entretenir et réparer lorsque, inévitablement, ils commencent à fatiguer.

Ces changements importants dans la façon de penser et de mettre en pratique nos attentes et pratiques en tant que consommateurs sont non seulement d’une importance primordiale pour l’avenir de l’environnement, mais ils doivent aussi résonner avec certaines caractéristiques inculquées en nous par les mêmes montagnes dans lesquelles nous vivons : la résilience, l’inventivité et le respect.


Vous voulez en savoir plus?
https://www.halteobsolescence.org/

Pour soutenir le mouvement du droit à la réparation (right-to-repair) :
https://repair.eu/

Auteur: Seb Zuniga