12 juillet 2022

Le futur de Montagne Verte

Au commencement 

Lorsque Montagne Verte a été créé il y a 3 ans et demi, le contexte était très différent. C’est bien sûr prévisible puisque le changement est la seule constante ; et nous espérons toujours que le monde évolue ! Cependant, nous réfléchissons au fait que notre objectif et notre raison d’être doivent également évoluer parallèlement à la situation locale et mondiale. 

Les différences les plus notables entre hier et aujourd’hui (en lien avec nos actions !) sont les suivantes : 

  • 2 116 juridictions dans 39 pays (dont la France) ont déclaré un état d’urgence climatique. 
  • Le climat fait enfin partie de l’agenda politique, tant de la part de nos mairies locales que du gouvernement national. 
  • Morzine-Avoriaz a obtenu le label Flocon Vert. 

Lors de sa création, Montagne Verte s’est surtout concentrée sur la réalisation d’un Pacte pour les entreprises et l’organisation d’événements de sensibilisation. Nous n’avions pas réalisé à quel point l’élan allait rapidement prendre de l’ampleur et au cours des 6 premiers mois, nous avons développé les objectifs suivants que nous avons présentés en septembre 2019. 

Nos objectifs en 2019 

  • Impliquer la communauté dans notre mission de devenir une destination touristique durable. 
  • Collecter des fonds pour employer un directeur du développement durable 
  • Inscrire la crise climatique à l’ordre du jour des politiques locales. 
  • Soutenir les entreprises pour qu’elles réduisent leur impact environnemental grâce à notre Pacte. 
  • Organiser des événements de sensibilisation et créer un réseau de personnes motivées. 

La réponse a été fantastique et la communauté a été d’un soutien incroyable (merci !). Grâce à la générosité des membres donateurs, des bénévoles engagés et de tous ceux qui ont participé à l’aventure, nous avons pu accomplir de nombreuses actions. 


Nos actions réalisées 

Nous avons : 

  • Employé un directeur du développement durable qui : 
    – a rencontré de nombreuses parties prenantes afin de recenser les enjeux sociaux et environnementaux locaux. 
    – a dressé une liste détaillée de 50 projets pertinents de difficulté variable dans les catégories « Zéro déchet – Zéro carbone – Total biorespect ». 
    – a effectué une analyse détaillée du projet EMA et produit un rapport largement diffusé et discuté. 
    – a présenté un projet train et projet biodéchets à la mairie et à la CCHC. 
  • 36 entreprises se sont engagées avec Le Pacte 
  • Création d’une série de ressources documentées comme les Pages Vertes. 
  • Organisation de 28 événements 
  • Ouverture d’un magasin de seconde main 
  • Collaboration avec de nombreuses associations partenaires
  • Embauche d’un secrétaire général 
  • Participation au comité de pilotage du label Flocon Vert de Morzine-Avoriaz. 
  • Création d’une communauté en ligne engagée avec plus de 1000 abonnés à notre newsletter et à nos réseaux sociaux. 
  • De nombreux articles de presse dans des médias locaux, nationaux et internationaux. (voir notre revue de presse
  • Et bien d’autres! 

Nos défis 

Nous nous sommes lancés dans ce projet en sachant que s’attaquer à un phénomène de l’ampleur du changement climatique ne se ferait pas sans difficultés. Bien que nous soyons très fiers de nos actions jusqu’à présent, nous aurions aimé en faire plus, mais divers obstacles ont limité notre portée et nous ont obligés à reconsidérer nos objectifs : 

  • La crise du Covid-19 est arrivée à un moment où nous avions développé un élan significatif, ce qui est devenu la préoccupation principale de toutes les personnes impliquées au niveau personnel, professionnel et municipal, ce qui a forcément ralenti notre rythme.
  • Benoît, notre directeur du développement durable, n’a pas pu avancer sur nos projets clés car les ressources de nos intervenants étaient concentrées sur la gestion de la phase de crise de la pandémie. Malheureusement, sa fenêtre de disponibilité s’est ensuite refermée car il a dû accepter un autre emploi.
  • Les conditions commerciales du projet de train ont changé de manière significative. La SNCF a modifié ses conditions d’affrètement d’un train, ce qui aurait obligé Montagne Verte à prendre un risque financier très important, ce qui ne nous semblait pas être une utilisation judicieuse de nos ressources.  
  • Après un accueil initial positif de la part des membres clés de la CCHC, le projet de biodéchets n’a pas gagné en popularité au sein de l’organisation (en charge de la gestion des déchets au niveau local), et malgré nos efforts pour encourager sa progression, il a été mis de côté en prévision d’une directive nationale pour les communes de gérer les biodéchets.  
  • Certains habitants de Morzine étaient en désaccord avec notre décision de fournir une analyse de l’impact de l’EMA. Nous pensons que cette opposition nous a empêchés d’avancer dans certains domaines, comme le fait de ne pas être acceptés comme membres de l’Office du Tourisme de Morzine ou de ne pas pouvoir jouer un rôle plus collaboratif avec le Conseil municipal de Morzine. 
  • La vie personnelle et professionnelle de plusieurs de nos membres du conseil d’administration a changé de façon significative, tous ne sont plus en mesure de consacrer autant de temps au projet qu’auparavant, tandis que certains ne vivent plus dans la région. Cela signifie que nous avons été moins en mesure d’engager de nouveaux bénévoles et d’intégrer plus de personnes dans les processus de prise de décision que cela n’aurait été optimal. 
  • Nous sommes sur le point de dire au revoir à Alice, notre secrétaire générale. Alice a joué un rôle fondamental dans le développement de l’association, dans l’établissement de relations importantes et dans la gestion d’une administration complexe. Nous allons forcément la regretter mais elle a d’autres projets à suivre et nous sommes heureux qu’elle continue à faire partie de notre conseil. 
  • L’un des plus grands obstacles est que nous nous sommes retrouvés avec un objectif très large, avec une immense variété de questions liées à la durabilité et à l’écologie. Cela a dilué notre capacité à avoir un impact important dans des domaines spécifiques. Nous sommes devenus un point de référence local pour la plupart des questions environnementales et sociales, ce qui a étendu encore davantage notre champ d’action. En conséquence, nous avons eu du mal à formuler clairement notre objectif. 

Une nouvelle direction 

Nous voulons nous assurer que Montagne Verte se développe d’une manière qui puisse être soutenue par tous nos membres et sympathisants, et notre projet est d’élargir notre champ d’action géographique tout en nous donnant des objectifs plus spécifiques. 

Au lieu de Montagne Verte Morzine, nous deviendrons désormais Montagne Verte Haut Chablais.  

Cela nous permet de mieux nous aligner sur nos membres et sur la CCHC, qui gère les déchets et les transports (entre autres) sources d’importants impacts environnementaux. Cela nous permet de collaborer avec les 15 communes du Haut Chablais et de nous associer à celles qui sont les plus ouvertes au changement. 

Notre nouvelle mission est de faire en sorte que chaque organisation gouvernementale, entreprise, association et individu du Haut Chablais devienne neutre en carbone

Cet objectif simple mais audacieux nous donne une voie claire pour aller de l’avant et nous communiquerons davantage sur ce que cela implique dans les semaines et mois à venir. 

Pour nous aider à atteindre ces nouveaux objectifs, nous allons engager un nouveau secrétaire général pour superviser le fonctionnement quotidien de l’association, gérer notre réseau de bénévoles et travailler avec le Conseil d’administration pour développer un plan détaillé dans la poursuite de l’objectif de neutralité carbone pour le Haut Chablais. 

Nous cherchons également à élargir le groupe de travail principal et le Conseil d’administration, car nous souhaitons apporter de nouvelles perspectives et des compétences différentes afin de soutenir l’équipe existante et de nous permettre d’atteindre nos objectifs ambitieux. 

Alors que le défi des crises climatique et écologique prend davantage d’ampleur, il est important que nous continuions à répondre et à nous adapter. Chez MV, nous faisons tout notre possible pour nous assurer que nous aidons ceux qui veulent agir, et ce le plus rapidement possible. Nous essayons également d’impliquer et d’informer ceux qui ne sont pas prêts à changer, et nous sommes extrêmement reconnaissants à tous ceux qui nous soutiennent dans cette aventure. 

14 décembre 2021

365 jours à vélo: le challenge de Camille

LES ROUES TOURNENT: LE CHALLENGE DE CAMILLE

Imaginez un monde sans transports, sans voitures, bus ou avions. Nous sommes tous dépendants des moyens de transport pour aller travailler, faire nos courses, nos activités ou nos vacances. Sur ces trajets, combien de fois pouvons-nous faire du vélo et laisser la voiture à la maison ? Marcher au lieu de prendre le bus ? Nous vivons de plus en plus dans un monde où la facilité est essentielle. Les repas sont préparés à l’avance, Amazon livre les commandes le lendemain, un Uber nous emmène directement devant notre porte. Combien de fois réfléchissons-nous aux conséquences de ces transactions ? Lorsque cette télévision fonctionne sans défaut mais que nous en achetons une nouvelle avec un écran plus grand. Lorsque nous prenons la voiture pour aller au supermarché express en bas de la rue ou lorsque nous jetons de la nourriture inutilement. Souvent, ces actions ne sont pas remises en question parce qu’elles nous facilitent la vie et nous rendent plus efficaces. Nous oublions ou ignorons souvent les conséquences qui affectent le monde dans lequel nous vivons.

Et justement, ne devrions-nous pas nous mettre un défi ? Nous mettre au défi de réfléchir à nos choix pour tenir compte de l’environnement et vivre de manière plus durable. Certains défis surviennent dans nos vies sans prévenir. D’autres sont mûrement réfléchis et concernent un aspect particulier de notre vie. Par exemple, se lancer dans le défi d’un mode de vie plus sain. Décider de courir ce marathon. Trouver des moyens d’aider d’autres personnes. Les défis que nous nous fixons sont propres à chacun et, les possibilités sont infinies, les difficultés variables.

vacances en vélo
365 JOURS SANS TRANSPORT MOTORISÉ

Pour Camille, le défi qu’elle s’est lancé était de supprimer les transports motorisés de sa vie pendant 365 jours. Qu’il pleuve ou qu’il vente (ou qu’il neige), depuis janvier 2021, Camille marche, pédale ou skie pour atteindre sa destination et en revenir. Oubliez les voitures, les bus et les avions. Imaginez-vous vous réveiller pour ensuite pédaler dans la neige pour vous rendre au travail. Et imaginez le retour à la maison à la fin d’une longue journée. Pour Camille, cependant, « l’hiver n’était en fait (globalement) pas très différent du reste de l’année » et un pantalon de ski et une veste lui permettaient de se rendre au travail au chaud et au sec. Alors qu’elle raconte son expérience de l’hiver dans les Alpes françaises, nous ne pouvons qu’admirer sa résistance au froid et la façon dont elle a surmonté les conditions difficiles ! Malgré les pneus neige de son vélo, qui lui donnaient une meilleure adhérence sur la route, elle a parfois dû laisser son vélo à la maison et s’aventurer avec des raquettes. Pour donner un ordre d’idée, rien que pour aller au travail en raquettes, il fallait 2 heures !

On imagine que sortir et se déplacer dans la neige sur un vélo ou des skis est déjà assez difficile, mais pour Camille, la partie la plus compliquée a été de promouvoir son défi sur les réseaux sociaux, ce qui est « quelque chose que je ne fais pas naturellement », souligne-t-elle. Faire connaître ses efforts en ligne pour sensibiliser l’opinion publique et recueillir du soutien et des fonds était un autre défi en soi pour Camille. « Je pense que j’aurais pu faire beaucoup mieux », confie-t-elle, « mais le fait de relever le défi tout en ayant une année bien remplie signifie que c’est malheureusement l’une des premières choses que j’ai laissé échapper ». Avec un bébé en route et l’achat d’une maison, la détermination de Camille à aller jusqu’au bout du défi est une source d’inspiration pour nous tous !

Et même pendant l’hiver…

Alors, qu’est-ce qui a décidé Camille à se lancer dans un tel défi ? Eh bien, « j’ai pensé que ce serait une expérience formidable pour voir comment on peut adapter une vie « normale » en supprimant complètement un aspect de la vie quotidienne, qui est connu pour être un contributeur majeur au réchauffement de la planète », explique-t-elle. Son objectif est d' »inspirer les gens à prendre des mesures plus audacieuses pour changer leur mode de vie et s’aligner sur la nécessité d’enrayer le réchauffement climatique ». Nous sommes sûrs que vous serez d’accord avec elle : le défi de Camille permettra non seulement de montrer comment nous pouvons, en tant qu’individus, réduire notre dépendance aux transports motorisés, mais aussi de récolter des fonds au profit d’associations caritatives.

Les contributions apportées à la collecte de fond de Camille seront distribuées à trois associations: Envol Vert, les Amis de la Terre et Montagne Verte, qui s’efforcent de s’attaquer aux problèmes liés au réchauffement climatique, de sensibiliser l’opinion publique et de faire évoluer les comportements et les politiques locales et nationales dans le bon sens.

L’expérience de Camille au cours des derniers mois a permis de mettre en évidence, pour elle et pour d’autres, que nous pouvons améliorer la façon dont nous utilisons les transports motorisés, « qu’il s’agisse de devenir beaucoup plus consciencieux sur ce que nous considérons comme des déplacements essentiels et d’être efficace dans la façon dont nous utilisons les voitures, comme le covoiturage et d’éviter les voyages multiples ». Elle insiste sur le fait que le vélo a été « le moyen idéal de se déplacer et de voyager » cette année, et qu’elle l’a même utilisé pour atteindre des destinations plus lointaines, comme Annecy, Bonneville et même Saint-Nazaire, sur la côte ouest de la France, pour rendre visite à ses parents. Cependant, avec un système de bus réduit en basse saison dans la région et aux alentours, vivre dans une station balnéaire peut poser des difficultés aux habitants, qui dépendent donc largement de la voiture pour se déplacer. Il est nécessaire d’améliorer les transports publics dans la région et des discussions avec les autorités et organisations locales sont en cours pour permettre la mise en place de nouvelles infrastructures, offrant aux touristes et aux habitants la possibilité de laisser la voiture à la maison et de voyager par d’autres moyens plus respectueux de l’environnement.

SENSIBILISER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Bien qu’il existe des initiatives locales et nationales visant à réduire le réchauffement de la planète, Camille souligne la nécessité pour nous, en tant qu’individus, de changer nos propres habitudes, notamment en « réduisant davantage notre consommation de viande, en étant beaucoup plus attentif au plastique et à la qualité des objets que nous achetons ». Même lorsque les 365 jours prendront fin, Camille continuera à pédaler d’un endroit à l’autre autant que possible, ne prenant le bus que lorsqu’elle en a besoin, en réduisant son empreinte carbone aussi faible que possible. « J’ai été surprise de constater que la plupart de mes mouvements cette année étaient plutôt faciles, que j’ai rarement eu l’impression d’une corvée et que cela m’a permis de rester en forme », explique Camille. « Cela m’a obligé à essayer de ralentir dans de nombreux aspects de ma vie également ». En se lançant dans ce défi, Camille souligne que, bien souvent, la technologie et les commodités auxquelles nous avons accès, qui ont été inventées pour nous faire gagner du temps, ont tendance à nous rendre trop efficaces, super productifs et donc à nous faire avancer à un rythme qui n’est pas durable, tant pour nous que pour la planète.

Changer nos habitudes pour prendre en compte l’environnement ou se lancer dans un défi pour aider à sensibiliser et à collecter des fonds pour des organisations caritatives environnementales, comme Camille l’a fait si naturellement, aura un impact positif pour sauver notre planète. Nous avons tous notre rôle à jouer.

Nous dépendons tellement de la technologie, des commodités et des transports motorisés dans nos vies, mais nous devons nous rappeler que nous dépendons aussi de notre planète pour vivre heureux et en bonne santé.

Auteur: Katie Rutherford